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La ferme éolienne en mer la plus profonde au monde sera bientôt opérationnelle

L'énergie éolienne est considérée comme l'une des technologies renouvelables qui affichent la plus grande maturité, offrant une alternative aux sources non durables que sont le pétrole et le gaz. Bien que la technologie applicable aux fermes éoliennes existe bel et bien et soi...

L'énergie éolienne est considérée comme l'une des technologies renouvelables qui affichent la plus grande maturité, offrant une alternative aux sources non durables que sont le pétrole et le gaz. Bien que la technologie applicable aux fermes éoliennes existe bel et bien et soit déjà utilisée, elle se heurte à un problème de taille: le manque d'esthétisme des turbines éoliennes. Les scientifiques ont trouvé une solution à cette critique, qui consiste à construire des fermes éoliennes là où l'on ne peut les voir. Des évaluations de la vitesse du vent réalisées en Europe ont montré que l'Ecosse offre de loin l'environnement le plus favorable en matière d'énergie éolienne. Dès lors, où trouver meilleur endroit pour tester la faisabilité d'une ferme éolienne offshore en mer profonde que 25 kilomètres au large des côtes écossaises du Moray Firth? Une équipe d'experts de toute l'Europe a été chargée de cette mission. Des travaux sont actuellement en cours afin de générer de l'électricité à partir de cette ferme éolienne de démonstration d'ici fin septembre. DOWNViND est un projet communautaire financé au titre de la priorité "Développement durable, changement planétaire et écosystèmes" du Sixième programme-cadre (6e PC) et coordonné par Talisman Energy UK. Des fonds européens de 6 millions d'euros seront consacrés au projet de démonstration - l'installation de deux turbines -, mais ils permettront également de financer la recherche sur les impacts économiques, sociaux et environnementaux des fermes éoliennes en eau profonde. Le ministère britannique du commerce et de l'industrie et l'exécutif écossais apportent un financement supplémentaire au projet de 4,4 millions d'euros chacun. Quant à Talisman et à Scottish and Southern Energy, leur contribution, de plus de 10,3 millions d'euros chacun, servira à financer l'élément relatif au démonstrateur de DOWNViND. Selon le coordinateur de DOWNViND, Alan MacAskill, de Talisman, "tout le monde devra de toute façon se mettre à travailler en eau profonde", et cette étude de faisabilité est donc cruciale. Plus près des littoraux, les groupes d'intérêt sont nombreux à se soucier de questions liées à la pêche et à la navigation maritime ainsi que de considérations d'ordre esthétique. "La pression sur l'utilisation de la mer est moindre lorsque l'on s'éloigne des terres", a-t-il déclaré à CORDIS Nouvelles. L'installation et la maintenance de deux turbines à 50 mètres de profondeur engendrent cependant des défis spécifiques. M. MacAskill a expliqué que pour leur installation, l'équipe DOWNViND utilise un modèle complètement différent de celui qui s'applique aux fermes éoliennes côtières. Au lieu de recourir à une plate-forme de forage autoélévatrice, l'équipe a loué des engins de forage flottants qui ont déjà permis de déposer deux structures de support, situées à 500 mètres d'écart, sur le fond marin. Les supports sont maintenus en place par quatre pieux. La tour, la turbine et la moitié supérieure d'un appareil d'inflexion en douceur sont assemblées à terre puis transportées jusqu'au site à l'aide d'une grue flottante. Cette grue sert ensuite à soulever la tour et la turbine pour les déposer sur la substructure, après quoi l'appareil d'inflexion est enlevé. Le moyeu des turbines s'élèvera à 88 mètres au-dessus du niveau de la mer, avec des pales de 63 mètres de long. Chaque structure pèse 1.000 tonnes. Si les conditions météorologiques le permettent, la première turbine sera installée la semaine du 7 août, et l'équipe disposera alors de quatre à cinq jours pour regagner la terre et assembler les pièces de la seconde turbine. Lorsqu'elles auront toutes les deux été installées, elles devront être mises en service, cette étape devant prendre environ trois semaines. Les turbines, qui seront installées à proximité de la plate-forme de forage pétrolier Beatrice Alpha, devraient pouvoir répondre à une partie des besoins énergétiques quotidiens de la plate-forme, à savoir entre un quart et un tiers des 12 à 15 mégawatts requis chaque jour. Cela correspond plus ou moins aux besoins énergétiques d'une petite ville, commente M. MacAskill. A l'heure actuelle, la plate-forme s'approvisionne en électricité auprès du réseau national. Le projet DOWNViND réunit 17 partenaires, dont la majorité proviennent de l'industrie. M. MacAskill explique que de nombreuses entreprises, à savoir 70, participent au projet si l'on tient compte des fournisseurs de composants. L'importance de la partie industrielle est en partie due au fait qu'il s'agit principalement d'un projet de démonstration et non de recherche, affirme M. MacAskill. "Le projet a besoin des compétences et de la participation de l'industrie", déclare-t-il. Si le démonstrateur est concluant, il sera également très intéressant sur un plan commercial, ce qui pourrait expliquer la participation de l'industrie au projet. Si l'initiative aboutit, les deux turbines pourraient être intégrées à un projet de développement commercial. Les sociétés Talisman et Scottish and Southern Energy investissent toutes les deux des capitaux importants dans le projet, mais M. MacAskill s'empresse de signaler que ce sont également elles qui assument le risque associé. Notons toutefois que les universitaires sont également impliqués dans le projet et qu'ils concourent plus spécifiquement à la recherche sur les impacts environnementaux et sociaux des fermes éoliennes. Le fait de devoir collaborer avec le secteur public a posé certaines difficultés aux partenaires industriels, mais aucune qui n'ait pu être surmontée, selon le coordinateur du projet. "Il y a eu quelques 'hics'. Il est très difficile pour un groupe d'entreprises de travailler avec le secteur public et quelques frustrations se sont fait sentir. Mais dans l'ensemble, nous tiendrons nos engagements et livrerons un démonstrateur opérationnel d'ici la fin de l'été", précise-t-il. En plus des exigences figurant dans le contrat de projet en termes d'études de l'impact environnemental, Talisman a aussi financé un système radar pour détecter les oiseaux, installé sur Beatrice Alpha. Le radar est capable d'effectuer un suivi de chaque oiseau qui traverse son champ, et une prochaine mise à niveau lui permettra d'enregistrer également la hauteur de vol de chaque oiseau. Une consultation initiale menée parmi les parties prenantes a conduit à l'identification des impacts potentiels suivants du projet: - le bruit sous-marin dû à l'enfoncement des pieux pourrait perturber les mammifères marins et les poissons; - le bruit émis par les turbines sera transmis dans la colonne d'eau et pourrait perturber les mammifères marins; - la présence de turbines pourrait affecter les déplacements et le mode d'alimentation des oiseaux; - les champs électromagnétiques qui entourent le câble qui relie les turbines à la plate-forme Beatrice Alpha pourraient affecter certaines espèces de poissons, notamment les requins et les raies; - la présence de deux nouvelles structures pourrait nuire aux opérations de pêche commerciale et à la navigation maritime. L'université d'Aberdeen et les universités suédoises de Stockholm et de Lund étudient actuellement chacun de ces impacts potentiels. Interrogé sur la possibilité que les fermes éoliennes en eau profonde deviennent une alternative viable au pétrole, M. MacAskill n'a pas voulu dire qu'elles seraient appelées à remplacer le pétrole, mais il a insisté sur le fait que le pétrole est un produit fini, et qu'il serait "tout à fait avisé de disposer d'une source d'énergie alternative". Lorsque le projet de démonstration s'achèvera en septembre 2009, il sera plus aisé de se faire une idée de la viabilité de cette alternative. Pour l'instant, il s'agit d'assurer la mise en service des turbines. Tout s'est déroulé conformément aux objectifs établis, bien que des intempéries aient légèrement retardé l'abaissement de la première turbine. "La seule chose qui puisse désormais nous arrêter est le temps", conclut M. MacAskill.

Pays

Royaume-Uni