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La formation à l'intuition fonctionne réellement

Il est difficile de quantifier en laboratoire l'idée selon laquelle l'intuition se développe par l'expérience et influence la prise de décision. Des chercheurs de l'University College de Londres, au Royaume-Uni et de l'université Pierre et Marie Curie en France ont développé u...

Il est difficile de quantifier en laboratoire l'idée selon laquelle l'intuition se développe par l'expérience et influence la prise de décision. Des chercheurs de l'University College de Londres, au Royaume-Uni et de l'université Pierre et Marie Curie en France ont développé une méthodologie sophistiquée en vue d'évaluer la sensibilisation. Ils ont démontré que l'apprentissage instrumental subliminal (qui a recours aux conséquences pour modifier le comportement) s'effectue dans le cerveau inconsciemment. L'étude, en partie financée par l'UE, a été publiée dans la revue Neuron le 28 août. L'affirmation selon laquelle l'intuition influence plus efficacement la prise de décision d'une personne que le raisonnement conscient n'est pas sans fondement. On peut assimiler des messages subliminaux systématiquement associés à certaines situations et résultats, et apprendre inconsciemment de ces derniers. Les auteurs de cette étude citent l'exemple d'un médecin, qui peut améliorer ses décisions thérapeutiques en apprenant à associer les signes subliminaux présentés par ses patients en fonction des résultats obtenus par les traitements. Ou encore celui d'un joueur de poker qui peut améliorer ses performances en apprenant à associer la récompense financière de ses adversaires à leurs signes subliminaux (ce que l'on appelle le «gambler's tell» ou le bluff). L'apprentissage instrumental subliminal est normalement associé à la partie ventrale du cerveau appelé striatum, laquelle encode l'information relative à la récompense. Selon l'hypothèse du professeur Pessiglione et de ses collègues, «les processus associés à l'apprentissage au niveau du striatum ne sont pas accessibles consciemment, mais ils influencent néanmoins la prise de décision». Les scientifiques se sont appuyés sur la technique de masquage perceptif et d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour étudier des sujets soumis à des tests de conditionnement subliminal. Ils ont remarqué que les signaux visuels de récompense pouvaient influencer les choix comportementaux, et ont ainsi identifié le circuit cérébral associé au conditionnement instrumental subliminal. Une technique de masquage perceptif perfectionnée a été appliquée, durant laquelle les sujets devaient observer plusieurs nouvelles images abstraites pendant une très courte durée (33 ou 50 millisecondes); celles-ci étaient masquées de manière à ne pas être vues consciemment. Afin de constater si les sujets étaient conscients de ce à quoi ressemblaient les images, on leur a montré deux images simultanément et ils ont dû déterminer s'il existait une différence entre les deux. La moitié du temps, ils ont répondu correctement (les mêmes résultats que lorsqu'ils répondent par hasard). Lorsqu'on leur a demandé de décrire les images, après l'étude, les sujets étaient incapables de le faire; et lorsqu'on leur remontrait les images, ils étaient étonnés et ne semblaient pas se souvenir de les avoir déjà vues. Ce fait indique qu'au cours de l'étude, ils n'avaient aucune notion préconçue des images, ce que les auteurs de l'étude ont considéré comme une caractéristique importante du concept de l'étude. Après avoir établi que les sujets ne voyaient pas consciemment les signaux masqués, les scientifiques les ont soumis à une tâche de conditionnement subliminal qui utilisait la même procédure de masquage. Cette fois-ci, ils jouèrent de l'argent. Les sujets devaient observer des signaux masqués (les images étaient projetées sur un écran pendant une durée de 33 ou 50 millisecondes entre deux autres images) et avaient le choix: appuyer sur un bouton ou non. On leur a dit que l'une des réponses était sûre (c'est-à-dire qu'ils ne perdaient ni ne gagnaient rien), alors que l'autre était risquée (ils pouvaient perdre ou gagner une livre, ou ne rien gagner). On leur a ensuite expliqué que la décision risquée dépendait du signal masqué. On les a également encouragé à prendre des risques, s'ils sentaient que c'était nécessaire. On leur a ensuite expliqué en quoi consistaient la perception visuelle et les stratégies de leurs réponses, et on leur a demandé de classer les images, démasquées, par ordre de préférence. Ils ont tous montré une préférence pour les images de récompense (les gagnants) et ont classé les images de «punition» (les perdantes) en dernière position, en indiquant que leurs préférences étaient influencées par la formation subliminale. Au cours de la tâche de conditionnement subliminale, l'activité cérébrale des sujets était enregistrée à l'aide de l'IRMf. Les images de l'IRMf ont montré que «de la première à la seconde moitié des sessions de conditionnement, les réponses du striatum ventral augmentaient lors de la visualisation de signaux de récompenses et diminuaient pour les signes de punition». Les chercheurs ont remarqué que l'activité bilatérale dans le striatum ventral était reliée à la réaction des sujets face à la punition et à la récompense. L'étude a démontré que les récompenses et punitions perçues de manière subliminale peuvent influencer le comportement et conditionner la préférence aux objets qui ne peuvent être vus consciemment. Les chercheurs espèrent que leur méthodologie puisse être utilisée dans le cadre d'études des mécanismes cérébraux chez les patients souffrant de troubles psychiatriques ou neurologiques. L'étude était partiellement financée par le programme intra-européen Marie Curie de bourses pour la recherche.

Pays

France, Royaume-Uni

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