European Commission logo
français français
CORDIS - Résultats de la recherche de l’UE
CORDIS

Article Category

Actualités
Contenu archivé le 2023-03-06

Article available in the following languages:

Une étude révèle que les mères adaptent le système immunitaire de leur progéniture mâle en fonction de l'environnement

D'après de nouvelles recherches menées par l'université de Nottingham au Royaume-Uni, les souris gravides qui se sentent menacées par une maladie ont tendance à donner le jour à des bébés mâles moins agressifs mais dotés d'un système immunitaire plus efficace que les souris do...

D'après de nouvelles recherches menées par l'université de Nottingham au Royaume-Uni, les souris gravides qui se sentent menacées par une maladie ont tendance à donner le jour à des bébés mâles moins agressifs mais dotés d'un système immunitaire plus efficace que les souris dont les mères ne sont pas menacées par une infection au cours de leur gestation. Les conclusions, publiées dans Proceedings of the Royal Society B, apportent les premières preuves de l'impact transgénérationnel des signaux environnementaux sur la réponse immunitaire, la perception du risque d'une maladie par la mère déterminant la capacité de sa progéniture à combattre l'infection. L'étude éclaire d'un jour nouveau les facteurs qui se cachent derrière la sensibilité individuelle aux maladies, en plus d'avoir des implications sur la conception des expériences impliquant des animaux. De nombreux animaux, dont les souris et les êtres humains, sont capables de détecter une maladie chez autrui. L'odeur est un indicateur particulièrement efficace d'une infection et les médecins ont longtemps utilisé leur odorat pour diagnostiquer des maladies chez l'homme. Ainsi, la typhoïde se caractérise par une odeur de pain cuit, tandis que les personnes atteintes de la fièvre jaune dégagent une odeur de viande caractéristique. Les chercheurs avaient par ailleurs précédemment découvert que l'infection directe d'animaux gravides a un impact sur le système immunitaire de leur progéniture. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs espéraient découvrir si la simple présence d'individus malades dans l'environnement d'une souris gravide pouvait avoir des conséquences immunologiques sur sa progéniture. Les chercheurs ont enfermé des souris gravides à proximité de souris mâles infectées par Babesia microti, un parasite sanguin bénin. Les souris gravides pouvaient voir, entendre et sentir leurs voisines infectées, mais ne pouvaient pas les toucher. Les souris gravides ne pouvaient par ailleurs pas être infectées par le parasite, la transmission se faisant uniquement par l'intermédiaire de tiques (introuvables dans le laboratoire) ou l'échange direct de sang (lequel était impossible puisque les animaux ne pouvaient pas entrer en contact). Un deuxième groupe de souris gravides a été placé à côté de mâles en bonne santé. Les scientifiques ont découvert que les femelles placées à côté de mâles infectés présentaient des taux supérieurs de corticostérone, une hormone de stress connue pour affecter le développement f�tal, dans le sang. La progéniture de ces mères s'est avérée beaucoup moins agressive que celle du groupe de contrôle. Par contre, en cas d'infection par le B. microti, elle combattait le parasite de manière beaucoup plus efficace que la progéniture du groupe de contrôle. Ces conclusions viennent appuyer de précédentes recherches ayant mis en évidence une compensation entre l'agressivité et la réponse immunitaire chez les souris mâles. Chez les souris adultes, l'agressivité est liée à la dominance sociale, à l'acquisition d'un territoire et à l'augmentation des possibilités d'accouplement. L'agressivité semble toutefois être contrebalancée par une résistance moindre aux maladies. Dans un environnement à risque de maladie élevé, les souris capables de combattre rapidement l'infection auront un avantage sur les souris dont le système immunitaire est plus faible. "Il semble que les mères de notre étude adaptent leur progéniture en fonction de l'environnement dans lequel elle est destinée à vivre", explique le Dr Olivia Curno, chef de recherche de l'université de Nottingham. "Lorsque le risque de maladie est élevé, une meilleure immunité peut contrebalancer les désavantages liés à une dominance sociale moindre." Les chercheurs tirent également la sonnette d'alarme quant aux implications de leurs conclusions sur la conception d'expériences impliquant des animaux. Dans la plupart des endroits abritant des animaux, différents groupes peuvent se voir, s'entendre et se sentir. "Nous avons démontré l'existence d'une perception mesurable de la maladie chez les individus conspécifiques voisins, laquelle entraîne une réponse au stress chez les animaux percepteurs" écrivent les scientifiques. "Les résultats de l'étude montrent par conséquent que la manière dont sont conçues les expériences pourrait avoir des effets inattendus et substantiels sur le bien-être des animaux." Les scientifiques remettent également en question l'idée selon laquelle les animaux "de contrôle" seraient "non traités", ces dernières découvertes laissant entendre qu'ils répondraient de manière physiologique et comportementale aux signaux envoyés par leurs voisins traités. "Il est peu probable que les souris soient la seule espèce à posséder cette formidable capacité", commente le Dr Curno. "Nos travaux pourraient donc avoir d'importantes implications pour la compréhension des processus épidémiologiques et de la sensibilité individuelle aux maladies en général. Des recherches futures devront tenter de déterminer avec précision comment les femelles détectent la maladie chez leurs voisins et utilisent ces informations avec autant d'intelligence."

Pays

Royaume-Uni