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Contenu archivé le 2024-05-24

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Science et volonté politique: un entretien avec le Dr Enric Banda, président d'Euroscience

Le Dr Enric Banda, géophysicien et président de l'organisation Euroscience, forte de 2100 membres, s'est entretenu avec CORDIS Nouvelles de l'importance des jeunes scientifiques, de l'impact de la crise économique sur les carrières scientifiques, et de la difficulté de bâtir u...

Le Dr Enric Banda, géophysicien et président de l'organisation Euroscience, forte de 2100 membres, s'est entretenu avec CORDIS Nouvelles de l'importance des jeunes scientifiques, de l'impact de la crise économique sur les carrières scientifiques, et de la difficulté de bâtir une base scientifique et technologique solide en Europe. Depuis 11 années, Euroscience est la voix des scientifiques en Europe «C'est une organisation composée d'individus, et non d'institutions», explique le Dr Banda. L'un de ses principaux objectifs est d'influencer et d'orienter les politiques, ce qui, dit-il, peut être bien difficile. «Le monde politique est clairement sourd aux scientifiques et à ceux qui sont intéressés par la science. Les hommes politiques peuvent parler de science et de technologie, et tout oublier dans la minute qui suit.» «Inévitablement, la science est un acteur de la place publique», ajoute-t-il, soulignant qu'Euroscience oeuvre réellement en faveur d'une base scientifique et technologique solide pour l'Europe. «C'est notre idéal, et ce pourquoi nous travaillons. Et les jeunes scientifiques sont l'un des moyens de l'atteindre». Euroscience s'efforce d'aider les jeunes scientifiques par ses conseils et en les encourageant à embrasser une carrière dans ce domaine, quelles que puissent être les opportunités actuelles en Europe. La crise économique actuelle aura certainement un impact sur ceux qui commencent leur carrière, poursuit le Dr Banda, espérant néanmoins que la nécessité d'innover, indispensable aux entreprises, atténuera les conséquences. «Malheureusement, je pense qu'en terme d'argent public accordé à la science, nous constaterons un certain impact», déplore-t-il. «Une crise se traduit généralement par des restrictions budgétaires, et d'un point de vue politique, la science est un domaine où il est facile de faire des coupes. Mais cette crise financière ne durera pas éternellement. On ne doit pas raisonner en se disant 'c'est la crise, je ne trouverai pas de travail'. La crise pourra vous toucher, vous aurez peut-être besoin de plus de temps pour trouver du travail, mais vous en trouverez.» «Au niveau des entreprises, je ne suis pas certain que l'innovation souffrira beaucoup, car elles comprennent que c'est le moyen de sortir de la crise. Au final, je ne suis pas tellement pessimiste», constate-t-il. «Et si l'on regarde du côté du secteur privé, de l'industrie et des services, les connaissances offrent également le meilleur moyen d'être concurrentiel par les temps qui courent. Par conséquent je ne crois pas qu'en s'engageant plus avant dans une carrière, on risque de se retrouver sans travail.» Au niveau universitaire, le Dr Banda considère que la situation est différente. La concurrence étant plus féroce que jamais, les candidats ne sont pas du tout certains d'atteindre le professorat, même après une longue carrière à l'université. Mais aujourd'hui, une carrière scientifique peut suivre bien d'autres voies, surtout pour les personnes qui sont prêtes à se délocaliser. «Nous sommes à l'ère de la mondialisation», déclare-t-il à CORDIS Nouvelles. «Le monde est suffisamment grand pour que tous puissent travailler ailleurs. Par contre, il peut être difficile de rester dans son pays natal.» «La mobilité est un problème typiquement européen», reconnaît le Dr Banda. «Je viens du Sud de l'Europe, aussi je peux critiquer ouvertement notre souhait de tout faire aux alentours de notre village natal, [de passer] toute notre carrière, de finir notre vie professionnelle et d'être enterré près de chez nous.» «Nous rencontrons encore des problèmes, et avons toujours des difficultés à obtenir des visas pour les scientifiques qui ne viennent pas d'Europe. La mobilité reste un problème européen, que nous pouvons le combattre», déclare le Dr Banda. «Car la mobilité est une source de dynamisme, comme nous pouvons le voir aux États-Unis.» À propos de l'annonce récente du calendrier des infrastructures européennes de recherche, tel que l'a défini le Forum stratégique européen pour les infrastructures de recherche (ESFRI), le Dr Banda est optimiste. «Il est grand temps que l'Europe ait un calendrier précisant le rôle des infrastructures du futur, et je crois que l'ESFRI a réussi dans ce domaine. Mais nous ne sommes pas sortis de l'auberge, politiquement parlant [...] Nous avons une longue liste de souhaits en matière d'infrastructures, et toutes seraient très utiles pour l'Europe; mais une liste, ce n'est pas suffisant. Au niveau européen, il manque toujours la volonté politique de concrétiser les choses, et si elle n'est pas totalement absente, elle est bien frileuse.» La communication est la base d'Euroscience. L'organisation propose ainsi The Euroscientist, une nouvelle publication en ligne sur de grands sujets scientifiques et politiques, et tient tous les deux ans un forum bien dense et très suivi. Le Dr Banda souligne que ce forum donne la possibilité à tout un chacun de faire entendre sa voix et de partager ses opinions. «Et il n'est pas réservé aux scientifiques. Au contraire, il vise les décideurs politiques, les entrepreneurs, n'importe quel citoyen, les entreprises et les journalistes». Le prochain forum aura lieu en 2010 à Turin, en Italie, et celui de 2012 se tiendra à Dublin, en Irlande.

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