Un gène modifie la gravité des maladies respiratoires associées à la mucoviscidose
La mucoviscidose, qui est l'une des maladies congénitales réduisant l'espérance de vie les plus courantes, touche les poumons, les intestins et le pancréas des enfants. Même si on pense que la mucoviscidose est due à un défaut d'un gène unique provoquant l'obstruction des organes par un mucus épais, une équipe internationale de scientifiques vient d'identifier un gène modifiant la gravité des maladies respiratoires chez les personnes atteintes de mucoviscidose. Leur découverte, publiée dans la revue Nature, pourrait ouvrir la voie à de nouvelles cibles de traitement. D'après les scientifiques, l'étude a permis de renforcer la coopération entre les chercheurs, de même que la sensibilisation vis-à-vis de la mucoviscidose. «Cette étude prouve que des chercheurs issus d'horizons différents en termes d'expertise peuvent unir leurs forces et utiliser les connaissances acquises dans le domaine de la cartographie du génome humain pour faire des découvertes conduisant à une meilleure compréhension de la mucoviscidose», déclare un des co-auteurs de l'article, le Dr Carl Langefield de la Wake Forest University School of Medicine. «Elle pourrait également favoriser l'identification de cibles pour le développement de médicaments et d'outils de diagnostic plus précoce de la mucoviscidose chez des personnes susceptibles de souffrir de maladies respiratoires graves», ajoute-t-il. Le groupe de scientifiques a étudié la constitution génétique d'environ 3 000 patients atteints de mucoviscidose. Ils ont découvert que certaines différences génétiques mineures au niveau du gène IFRD1 (régulateur du développement lié à l'interféron 1) avaient un lien avec la gravité des maladies respiratoires. Les chercheurs ont également découvert qu'une protéine codée par l'IFRD1 était particulièrement abondante dans les neutrophiles (un type de globule blanc) et régulait leur fonction. Les neutrophiles ont été identifiés comme étant responsables du déclenchement de lésions inflammatoires dans les voies aériennes des personnes souffrant de mucoviscidose. «Les neutrophiles semblent avoir un impact particulièrement négatif sur la mucoviscidose», explique le Dr Christopher Karp du département d'immunologie moléculaire du Cincinnati Children's Hospital Medical Center aux États-Unis, chercheur en chef de cette étude. «Ils jouent un rôle important dans la réponse du système immunitaire à une infection bactérienne. Dans la mucoviscidose, cependant, l'inflammation des voies aériennes par les neutrophiles est déréglée et conduit finalement à la destruction du poumon.» Des études précédentes ont montré que des mutations du gène CFTR (régulateur de la conductance transmembranaire de la mucoviscidose) déclenchaient la mucoviscidose, mais des questions subsistaient quant aux mécanismes moléculaires permettant à ces mutations de déclencher le développement de maladies respiratoires. D'après l'étude, la gravité des maladies respiratoires liées à la mucoviscidose peut être contrôlée grâce aux variations d'autres gènes. Les scientifiques ont étudié des souris ayant subi une ablation du gène IFRD1 et ont ainsi pu confirmer son rôle dans la régulation de l'inflammation et de la maladie, les bactéries n'étant éliminées que très lentement des voies aériennes en l'absence du gène. Après analyse des échantillons de sang prélevés sur des volontaires humains en bonne santé, l'équipe a découvert que les variations du gène IFRD1 altérant la gravité des maladies respiratoires liées à la mucoviscidose affectaient également la fonction des neutrophiles de ces volontaires. Ils ont également découvert que la régulation de la fonction des neutrophiles par le gène IFRD1 dépendait de son interaction avec une classe d'enzymes, les histones désacétylases. Les scientifiques ont expliqué que des informations complémentaires sur cette interaction étaient nécessaires en vue de comprendre son rôle potentiel dans le traitement de la maladie. «Il est possible que l'IFRD1 devienne lui-même une cible de traitement, mais à l'heure actuelle il ne fait qu'indiquer des voies à étudier plus avant», explique le Dr Karp. «Nous voulons découvrir avec quels autres gènes et protéines l'IFRD1 interagit et son lien avec l'inflammation constatée dans les maladies respiratoires liées à la mucoviscidose.» La mucoviscidose touche 70 000 personnes à travers le monde et il n'existe aucun traitement connu. D'après les experts, l'âge moyen de survie des personnes atteintes de mucoviscidose est de 37 ans, un chiffre qui pourrait toutefois passer à 40, voire à 50, en cas d'introduction de nouveaux traitements. Deux autres instituts ont participé à l'étude: l'Innsbruck Medical University en Autriche et le David Hide Asthma and Allergy Research Centre de Newport, sur l'île de Wight au Royaume-Uni.
Pays
Autriche, Royaume-Uni