Des chercheurs financés par l'UE cherchent à accélérer le traitement des données
Des chercheurs financés par l'UE réalisent actuellement une plateforme de développement de services qui, une fois finalisée, pourrait lutter en temps réel contre les escroqueries à la carte de crédit, le clonage de cartes SIM pour téléphone portable et même les appels téléphoniques non payés. Cette révolution découle d'une avancée technologique pouvant considérablement accélérer le traitement des données. Cette plateforme est réalisée dans le cadre du projet STREAM («Scalable autonomic streaming middleware for real-time processing of massive data flows»), en partie financé au titre du thème «Technologies de l'information et de la communication» du septième programme-cadre (7e PC) à hauteur de 2,6 millions d'euros. Le but du projet est de réaliser un système évolutif pour traiter en temps réel des flux de données très importants. Pour se protéger contre l'utilisation frauduleuse des cartes de crédit, les banques, les organismes de traitement des paiements et les autres entreprises concernées par les règlements par carte bancaire font appel à divers systèmes de sécurité. Ces systèmes permettent par exemple de vérifier électroniquement les signatures ou de bloquer le numéro d'une carte signalée volée. Mais il s'écoule souvent un certain temps entre le moment où une carte est perdue et celui où son annulation prend effet. Ce délai est causé par les programmes informatiques, très exigeants en termes de capacité d'analyse et de traitement. Les fraudeurs qui utilisent des cartes volées connaissent souvent ce délai et s'efforcent de faire des achats au plus vite. La plateforme conçue par le projet STREAM éliminerait ce délai à l'aide d'un système évolutif basé sur des clusters formés de noeuds très importants (des serveurs autonomes) pour assurer un débit très élevé en traitant des millions de données par seconde. Ce progrès considérable par rapport aux débits actuels permettrait de traiter en temps réel les flux d'informations, dans le cadre d'un fonctionnement autonome ne nécessitant aucune supervision. Les organisateurs du projet estiment que cette évolution permettrait un déploiement plus large des logiciels et des services de traitement de données, dans de nouveaux domaines où il est nécessaire de manipuler d'importants flux d'informations de manière rentable. Les entreprises du secteur des télécommunications rencontrent un problème comparable à celui des émetteurs de cartes de crédit, et doivent bloquer des numéros lorsqu'un téléphone est volé. Le clonage de cartes SIM pose de sérieux problèmes aux services de sécurité et de police, car lorsque plus d'un combiné utilise une carte SIM avec le même numéro, les services de géolocalisation ne sont plus fiables. Pour le moment, l'utilisation de cartes SIM clonées et de téléphones volés n'est détectée qu'après coup, et avec les mêmes types de délai que pour les cartes bancaires. La plateforme STREAM est associée aux initiatives de «cloud computing» (ou informatique en nuage), un système qui consiste à fournir via Internet des ressources déclinables (et souvent virtualisées) en tant que service. Le projet STREAM vise à mettre en place un environnement informatique en nuage, caractérisé par l'élasticité et l'évolutivité. Ce système peut augmenter ou réduire automatiquement le nombre de noeuds à tout moment, en fonction des besoins en calcul. Ce type d'organisation contribue à réduire les coûts et à éliminer les points de panne unique. Parmi les autres usages de la plateforme STREAM, citons le trafic IP (protocole Internet) d'une organisation, le calcul du résultat d'un important réseau de détecteurs, le traitement des courriels par un fournisseur de services Internet, et l'apport d'informations depuis une place boursière ou un marché financier. Ricardo Jiménez-Peris, de la faculté d'informatique de l'Universidad Politécnica de Madrid, est responsable du développement du traitement évolutif des flux de données, le coeur de STREAM. Pour cela, il a décidé de gérer en parallèle les opérateurs de requête, en les traitant chacun sur un cluster à 100 noeuds. Ceci accélère d'un facteur 100 le traitement des données. La capacité actuelle de traitement des systèmes à un seul noeud est donc inférieure de 2 ordres de grandeur à celle de STREAM. Le projet compte d'autres partenaires que l'UPM, à savoir Telefónica, un opérateur espagnol de télécommunications et Exodus, une filiale de la Banque du Pirée de Grèce. Le premier utilisera STREAM dans le cadre d'un système anti-fraude pour les téléphones portables, et le second appliquera les résultats du projet à son système de lutte contre la fraude à la carte bancaire.
Pays
Espagne