«Tourisme de la misère»: étude sur le tourisme d'un nouveau genre
Un chercheur financé par l'UE vient de se lancer dans un projet se penchant sur le phénomène croissant du tourisme de la 'misère' (ou tourisme des bidonvilles, selon la traduction littérale de l'anglais, slum tourism) et pour déterminer s'il s'agit d'une forme tordue de divertissement pour les touristes riches ou s'il permettrait de régler des inégalités et injustices mondiales. Le Dr Frenzel, un professeur d'économie politique de l'organisation de la faculté de gestion de l'université de Leicester a reçu une bourse postdoctorale Marie Curie pour mener des travaux de recherches à l'université de Potsdam, en Allemagne, un centre allemand de recherches, pour étudier le tourisme dans les régions urbaines pauvres. Le programme de bourses de postdoctorat Marie Curie aide les chercheurs à réaliser un projet de recherche, à se former dans des méthodes de recherches et à renforcer leur mobilité européenne en couvrant les frais de deux ans de recherche. Le Dr Frenzel étudiera l'augmentation des «safaris»dans les régions urbaines pauvres, appelées selon l'endroit bidonvilles ou favelas. «Cette forme de tourisme peut sembler inhabituelle mais ces dernières années, de plus en plus de touristes ont visité des bidonvilles, notamment, en Afrique du Sud, au Brésil, en Inde, mais également dans d'autres villes du monde entier», commente-t-il. «La curiosité de visiter ces endroits est souvent considérée comme moralement problématique, particulièrement car le tourisme est associé aux loisirs et au divertissement. Nombreux sont ceux qui pensent qu'il s'agit de voyeurisme visant à voir des individus vivant dans des conditions misérables. Mes recherches replaceront le tourisme de la misère dans le contexte de questions politiques et sociales sur l'équité mondiale et l'éradication de la pauvreté.» Le Dr Frenzel se penchera sur des études de cas en interrogeant des touristes, ainsi que des tours opérateurs et des locaux. La question centrale de ses travaux sera de découvrir jusqu'à quel point le tourisme de la misère est une forme de divertissement pour les touristes originaires de pays développés et comment il peut permettre de résoudre des inégalités et injustices mondiales. Mais cette forme touristique n'est pas récente. Il semble qu'à l'ère victorienne, les riches participaient déjà à ce genre d'activités, en visitant les bidonvilles de l'est de Londres en tours organisés, souvent guidés d'agents de polices ou de guides professionnels. «Ces sites de misère noire ont longtemps fasciné l'imagination populaire», explique le Dr Frenzel. «De nombreuses personnes connaissent la pauvreté non pas grâce à ces tours, mais plutôt par la littérature, par exemple, au travers des écrits de Charles Dickens. «À l'heure actuelle, cette convergence du littéral et du littéraire est toujours vraie. Cette récente fascination avec les films comme District 9, Cité de Dieu et Slumdog Millionaire montre que ces désirs persistent toujours. Mais en effet sur la planète des bidonvilles, le tourisme de la misère est en pleine expansion. » Par exemple, les visiteurs de Rio de Janeiro se contentaient de prendre en photo les points célèbres, comme la station du Jésus et le Pain de Sucre, mais maintenant les favelas sont tout aussi populaires pour les voyageurs visitant la seconde plus grande ville du Brésil. En Afrique du Sud, le tourisme de la misère s'est développé en un phénomène de masse, offrant même jusqu'au logement des touristes dans ces zones. L'étude du Dr Frenzel tentera de porter des conclusions sur ce que nous considérons comme tourisme, étant donné que les bidonvilles sont également visités par différentes personnes, comme des volontaires pour des organisations non gouvernementales (ONG) et les organisations caritatives, des professionnels de l'aide humanitaire et des étudiants. Le Dr Frenzel espère découvrir leur part dans l'énigme.Pour de plus amples informations, consulter: University of Leicester: http://www2.le.ac.uk/
Pays
Royaume-Uni