Gros plan sur le rhinopithèque de Stryker
Une nouvelle étude génétique met en lumière l'évolution du rhinopithèque de Stryker. L'étude, publiée dans la revue PLoS One, rassemble des chercheurs de Birmanie/Myanmar, de Chine, d'Allemagne, de Suisse, des États-Unis et du Viêt-Nam, et a été financée par un programme de l'UE, «Non-state actors and local authorities in development». Elle présente les résultats d'études génétiques portant sur cinq espèces de rhinopithèques, offrant de précieuses informations pour la conservation de ces primates rares. Le rhinopithèque de Stryker a été découvert pour la première fois en 2010 par une équipe de Fauna & Flora International (FFI), du Biodiversity and Nature Conservation Association (BANCA) et du People Resources and Conservation Foundation (PRCF). Depuis, des efforts considérables ont été réalisés pour développer des régions protégées en Birmanie afin d'assurer la survie de l'espèce. Le rhinopithèque de Stryker, ou Rhinopithecus strykeri, est désormais considéré comme une espèce à part entière. Dans cette dernière étude, l'équipe internationale a analysé l'ADN des cinq espèces actuellement connues des scientifiques. Le matériel génétique a été isolé à partir d'échantillons de selles et de fragments de peau prélevés lors d'expositions. Christian Roos du centre allemand pour primates explique que les résultats de l'étude confirment que le rhinopithèque de Stryker est bien une nouvelle espèce. «Ce qui est encore plus intéressant ce sont les informations obtenues sur l'histoire évolutionnaire de l'espèce, car elles nous permettent de comprendre l'évolution et la spéciation du primate». Les processus biogéographiques comme l'élévation de l'Himalaya ont altéré le paysage environnant, créant ainsi de nouveaux obstacles physiques et climatiques insurmontables pour certaines espèces, ce qui a empêché le contact génétique et a donné naissance à de nouvelles espèces. Toutefois, ces obstacles n'étant pas constants sur plusieurs périodes géologiques, les espèces ont pu reprendre leurs mélanges, entraînant ainsi une hybridation, la production d'une descendance à partir d'espèces différentes. Christian Roos explique que ce phénomène est «plus fréquent qu'on ne le croie», indiquant ainsi qu'il est nécessaire d'adapter ce concept pour de nombreuses espèces. Désormais, il important que des mesures soient mises en place pour protéger le primate. Fort heureusement, le nouveau gouvernement de Birmanie a accepté l'établissement de zones protégées et le relancement de recherches bloquées pendant l'ancien régime. Il espère également protéger l'espèce reprise dans la législation du pays et de protéger son habitat en créant un parc national dans la chaîne de montagne Imawbum. Toutefois, bien que la situation politique actuelle en Birmanie représente une opportunité unique de placer la conservation sur l'agenda politique, il s'agit également d'une période d'incertitude, dans laquelle tout pas en avant pour favoriser la croissance économique pourrait entraîner un renforcement de la construction de routes et de la déforestation. Tout cela pourrait avoir des répercussions irréparables sur l'habitat naturel du rhinopithèque de Styker. Bien qu'il n'ait pas encore été repris sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la Nature (UICN), on imagine très bien qu'il sera catégorisé comme une espèce en danger critique d'extinction. Il ne reste actuellement que 260 à 330 espèces en vie; leurs proches parents primates se trouvant déjà classifiés «en danger» ou en danger critique d'extinction. Cette nouvelle étude confirme la preuve de l'existence non encore découverte du primate en Chine. Auparavant, on pensait que l'espèce ne vivait que dans le Nord-est de la Birmanie, mais les chercheurs ont récemment constaté que cette espèce existait également en Chine.Pour de plus amples informations, consulter: German Primate Centre (DPZ): http://www.dpz.gwdg.de/index.php?id=7&L=1
Pays
Suisse, Chine, Allemagne, Myanmar/Birmanie, États-Unis, Viêt Nam