Des fans de football recrutés pour tester l'effet du témoin
Des fans de football ont participé à une expérience pour tester l'un des domaines les plus complexes de psychologie du comportement. L'effet du témoin, ou effet spectateur, se base sur l'idée que plus le nombre de personnes qui assistent à une situation (témoins ou spectateurs) exigeant un secours est important, plus les chances que l'un d'entre eux décide d'apporter son aide sont faibles. Le terme a été identifié pour la première fois dans les années 1960, mais les recherches dans ce domaine sont quelque peu difficiles ces dernières années. Les expériences se basent sur des fausses urgences ou des rencontres violentes avec des acteurs; elles ne sont pas très fiables pour évaluer l'authenticité de la réaction. Mais le Dr Southern et ses collègues de la Bournemouth University au Royaume-Uni ont réussi à surmonter cela en concevant des expériences exploitant une technologie d'animation informatique 3D. Les résultats ont récemment été publiés dans la revue Public Library of Science (PLoS) ONE. Comme l'explique le Dr Southern, «Nous avons compris que pour mener ce genre d'expériences, nous avions besoin de recréer la réalité du mieux que nous pouvions. Avec la réalité virtuelle, si vous parvenez à faire croire aux sujets qu'ils se trouvent dans un endroit spécifique et que les réactions environnantes sont plausibles, ainsi, les sujets réagiront d'une manière réaliste.» Pour créer leur monde virtuel, le Dr Southern et le professeur Zhang ont utilisé un système de l'UCL (University College London) appelé ReaCToR. Ils ont utilisé des images en stéréo, qui ont ensuite été projetées sur les murs et le sol d'une pièce par des projecteurs numériques à haute résolution. Une personne entre dans la pièce portant des lunettes légères comme les lunettes pour visionner un film en 3D, qui reproduisent une scène de bar en 3D réaliste. La technologie de détermination de positionnement de la tête s'assure que le sujet voit l'image depuis la bonne perspective tandis qu'un système à huit haut-parleurs projette du son de manière directionnelle. Dans une série d'expériences menées avec des collègues de l'UCL et de la Lancaster University, l'équipe a recruté 40 fans de l'équipe Arsenal FC, et leur a demandé de rechercher des souvenirs et objets de collection de football dans la pièce du ReaCToR. Une fois à l'intérieur, les participants étaient témoins d'une confrontation entre deux hommes. Le Dr Southern explique les réactions qui s'ensuivent; «Nous avons utilisé différents scénarios pour déterminer les facteurs empêchant le témoin d'intervenir au début de la confrontation. Nous avons varié les éléments de la confrontation, un des hommes était un supporter d'Arsenal et portait un maillot de l'équipe ou même juste un T-shirt de couleur rouge. Les participants intervenaient beaucoup plus s'ils partageaient un point commun avec la victime.» D'autres expériences ont été menées, et les chercheurs programmaient que la victime regarde directement le participant au cours de la confrontation pour demander de l'aide. Dans ce cas, les participants avaient tendance à se sentir davantage concernés par la sécurité de la victime et leur intervention était plutôt verbale que physique, impliquant un degré d'implication plus important. Les chercheurs ont également introduit d'autres personnages fictifs dans le bar qui réagissaient différemment à la confrontation. Une fois, un témoin virtuel a simplement haussé les épaules en réaction au regard d'appel que lui a lancé la victime. Le témoin virtuel criait aussi pour encourager le participant à intervenir ou à l'en dissuader. Le Dr Southern pense que cette recherche va plus loin et aide à comprendre la fragilité de l'esprit humain. Elle permettrait également d'attirer l'attention de la police et du ministère de la défense pour entraîner leurs personnels à agir dans des situations de confrontation. Cette technologie pourrait également être utilisée pour évaluer la probabilité d'un prisonnier à perpétrer une nouvelle offense violente. Une étude pilote a déjà entraîné des résultats prometteurs. Comme le conclut le Dr Southern, «Il s'agit d'une technologie dynamique. Elle ouvre la voie à l'utilisation de scénarios d'immersion pour différentes applications.»Pour plus d'informations, consulter: Revue Public Library of Science (PLoS) One. http://dx.plos.org/10.1371/journal.pone.0052766 Bournemouth University http://www.bournemouth.ac.uk
Pays
Royaume-Uni