Conséquences de l’évolution des océans sur les interactions entre animaux marins
Les comportements et interactions entre les animaux ont des conséquences sur la structure, la fonction et la santé des écosystèmes. Les étoiles de mer, par exemple, sont des grands prédateurs dans les écosystèmes marins et aident à contrôler les populations de crustacés, comme les moules. Ces dernières jouent un rôle significatif dans la filtration de l’eau et la structuration des habitats, et revêtent une grande importance économique à travers le monde. Le projet GlobalChangeBehav, soutenu par le programme Marie Skłodowska-Curie (MSC), a étudié dans quelle mesure l’acidification des océans et leur réchauffement pourraient affecter le comportement des organismes marins. Les chercheurs ont réalisé des expériences en laboratoire sur les moules communes (Mytilus edulis) et sur les étoiles de mer communes (Asterias rubens). «Nous avons testé les effets du réchauffement et de l’acidification sur les réactions face aux signaux des prédateurs chez les moules et sur le comportement d’auto-redressement chez les étoiles de mer, c’est-à-dire lorsqu’elles se remettent en position verticale après avoir été retournées. Nous avons également effectué une évaluation méta-analytique des effets de l’acidification des océans sur le comportement des poissons», affirme Jeff Clements, qui bénéficie d’une bourse de recherche MSC.
La réaction face aux prédateurs
Les moules et les étoiles de mer présentent un intérêt particulier, car leur cérébralisation est réduite, ce qui signifie que leur tête ou leur cerveau n’est pas concentré, mais elles font tout de même preuve de comportements complexes. «Elles peuvent servir d’organismes modèles, car leur conservation en laboratoire est simple et leurs comportements sont faciles à évaluer», explique Jeff Clements. «Par ailleurs, les moules sont des organismes d’importance économique et écologique, et comprendre la façon dont elles réagissent aux changements dans leur environnement est essentiel.» L’équipe a observé que les moules exposées à des températures telles que celles prévues à l’avenir restent fermées plus longtemps que les moules évoluant à des températures actuelles, ce qui signifie qu’elles se nourrissent moins. «Nous avons découvert que le réchauffement des océans, mais non leur acidification, influençait la réaction des moules face aux prédateurs en les poussant à rester fermées pendant une plus longue période après avoir été attaquées», remarque Jeff Clements. Ces observations correspondent bien aux rapports antérieurs faisant état d’un taux de survie et d’une croissance moindres chez les moules communes évoluant aux températures futures. Cela suggère également que le comportement des moules dans de telles conditions est susceptible d’influencer leur physiologie et leur survie, ce qui pourrait avoir des conséquences majeures sur leurs populations et sur les écosystèmes dans lesquels elles jouent un rôle essentiel.
La menace subsiste
Selon Jeff Clements: «Nous avons découvert que, bien que l’acidification des océans représente un sérieux problème pour de nombreux organismes marins, ses conséquences directes sur le comportement des animaux marins ne seraient pas aussi omniprésentes que nous le pensions. D’après nos résultats, il apparaît que cette acidification n’influence pas le comportement des moules ou des étoiles de mer. En outre, notre méta-analyse des recherches passées a montré que les graves conséquences de l’acidification des océans sur le comportement des poissons sont également moins importantes que prévu.» Toutefois, cela ne signifie pas que l’acidification des océans ne peut pas nuire aux écosystèmes marins, mais cela signifie, par contre, que les effets directs de ce phénomène sur le comportement des animaux marins seraient moins importants que ce qui avait été suggéré par les premières études sur ce sujet. «L’acidification des océans reste une grande menace pour les écosystèmes marins, et nous ne pouvons pas ignorer ses conséquences; mais les effets directs sur le comportement des animaux semblent faibles», souligne Jeff Clements. «Étant donné l’importance économique des moules communes, les résultats du projet auront des répercussions considérables sur la viabilité des pêcheries et de l’aquaculture de bivalves, et leur rôle en matière de filtration de l’eau face au changement global du milieu marin.»
Mots‑clés
GlobalChangeBehav, moules communes, étoile de mer commune, acidification des océans, réchauffement des océans, Asterias rubens, Mytilus edulis