Où va l’eau en cas de sécheresse?
«Une sécheresse ne peut survenir qu’en raison d’une augmentation de la demande en eau de la part de la société ou de l’atmosphère», explique Diego Miralles, professeur d’hydrologie et de climat à l’université de Gand, en Belgique. «Mais elle est presque toujours associée à une réduction de la pluviosité.» Cette absence de pluie est due à une évaporation anormalement faible du sol, réduisant la quantité d’eau dans l’atmosphère, ou à un changement prolongé dans la circulation des vents. «Cela signifie que l’eau qui aurait dû tomber dans la région touchée par la sécheresse est restée en amont ou a été redirigée ailleurs», ajoute Diego Miralles. Or, cet ailleurs inclut également l’océan. Ainsi, si le fait qu’une zone de terre soit en proie à une sécheresse ne signifie pas nécessairement qu’une autre devienne plus humide, de tels schémas existent bel et bien. Les périodes sèches associées au phénomène climatique El Niño peuvent coïncider avec des saisons anormalement humides dans certaines zones. En plus de déplacer l’eau vers d’autres régions, les sécheresses peuvent aussi propager la sécheresse. Dans le cadre du projet DRY-2-DRY, financé par le Conseil européen de la recherche, Diego Miralles et son équipe ont démontré que les sécheresses prolongées sont susceptibles de réduire l’évaporation, et donc l’apport de pluie, dans les régions situées sous le vent. Cela signifie qu’elles peuvent se propager d’elles-mêmes, se répandre comme une traînée de poudre et assécher la surface des terres. La compréhension de ces rétroactions complexes aide la communauté scientifique à se faire une idée plus précise de l’évolution de notre climat. En améliorant les estimations futures et les prévisions précoces de ces événements extrêmes, des stratégies d’aménagement du territoire pourraient être mises en place pour atténuer certains des effets dévastateurs des sécheresses sur les écosystèmes et les communautés locales.
Le monde de l’eau
Si la quantité totale d’eau douce disponible sur Terre est relativement constante depuis la formation de la planète, sa répartition entre les différents réservoirs, tels que les océans, les terres et l’atmosphère, ainsi que sa forme (liquide, glace ou vapeur), peuvent varier considérablement en l’espace de quelques décennies. Il est inquiétant de constater que les données satellitaires indiquent une diminution continue de la quantité totale d’eau stockée sur les continents et une augmentation dans les océans. «Actuellement, la surextraction, la gestion de l’eau et le changement climatique anthropique affectent non seulement la qualité et l’accessibilité de l’eau douce, mais aussi sa répartition entre ces différents réservoirs mondiaux», note Diego Miralles. Cliquez ici pour en savoir plus sur les recherches de Diego Miralles: Mieux comprendre les causes climatiques des sécheresses
Mots‑clés
DRY-2-DRY, sécheresses, liquide, glace, vapeur, planète, prévision, atmosphérique, eau, approvisionnement