Un aperçu de la structure de l’œil myope
Les cas de myopie sont en augmentation dans le monde entier, et près d’un milliard de personnes devraient être affectée d’ici 2050. La myopie est désormais la première cause de cécité permanente dans le monde, mais elle pose également d’importants problèmes pour la planification de services de soins oculaires complets. Malgré sa prévalence, les causes de l’escalade du risque de cécité et les mécanismes structurels et physiologiques sous-jacents de la myopie demeurent incompris.
Étude de la structure de l’œil myope
Mené avec le soutien du programme Actions Marie Skłodowska-Curie(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) (MSCA), le projet MYOMICRO se propose de caractériser les yeux myopes avec un niveau de détail sans précédent afin d’obtenir de nouvelles informations et d’évaluer les effets du traitement de manière objective et complète, au-delà des tests de vision conventionnels. Pour percer les mystères de la myopie, le projet a développé des méthodes d’imagerie innovantes afin d’évaluer la sclérotique(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), la couche externe de l’œil qui joue un rôle crucial dans la détermination de la taille de l’œil et de sa capacité de réfraction. «L’un des principaux défis de la recherche sur la myopie était l’absence de techniques quantitatives permettant de caractériser les propriétés optiques et morphologiques de l’œil myope», explique María Viñas Peña, chargée de recherche au MSCA.
Une approche technologique pluridisciplinaire
Des données probantes, expérimentales et cliniques, soulignent le rôle important des fibres de collagène scléral dans le développement de la myopie. Cela suggère également qu’une intervention sur le développement anormal de la sclérotique pourrait fournir des moyens de prévenir ou d’arrêter le développement de la myopie. MYOMICRO a étudié les structures de collagène et les propriétés biomécaniques de la sclérotique en développant de nouvelles méthodes qui combinent des technologies telles que l’élastographie par cohérence optique(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) (OCE) et l’imagerie de durée de vie de fluorescence(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) (FLIM). De plus, pour la première fois dans la recherche sur la myopie, les chercheurs ont fait appel à une technologie héritée de l’astronomie, l’optique adaptative, qui a permis d’obtenir des images structurelles plus quantifiables de la sclérotique. «Il ne fait aucun doute que l’adoption d’une approche technologique pluridisciplinaire de lutte contre la myopie s’est avérée être la bonne stratégie pour comprendre les mécanismes de croissance de l’œil et ses perturbations", souligne María Viñas Peña.
L’impact du traitement de réticulation du collagène scléral
L’OCE est une nouvelle technologie d’imagerie récemment appliquée à l’ophtalmologie. Elle a permis d’étudier les changements biomécaniques de la sclérotique après le traitement par réticulation du collagène scléral (SCXL), l’une des nouvelles techniques les plus prometteuses actuellement à l’étude pour traiter la myopie. Le SCXL s’appuie sur le succès de la réticulation de la cornée, (un traitement clinique actuel), et s’inspire du fait que la myopie génère un amincissement progressif de la sclérotique. L’OCE a montré les effets de la SCXL avec des détails sans précédent et a ouvert la voie à l’amélioration de méthodes permettant d’augmenter la résistance sclérale. S’appuyant sur le succès de l’OCE, les scientifiques ont exploré la possibilité de combiner l’imagerie par fluorescence et l’imagerie de durée de vie, avec des nanoparticules métalliques, pour comprendre les changements structurels, mécaniques et moléculaires après la SCXL. Cette approche multi-imagerie a ouvert de nouvelles voies pour la recherche et le traitement de la myopie et a permis une compréhension plus globale des complexités en jeu.
Les orientations futures
Compte tenu des signaux déclencheurs multifactoriels qui induisent la croissance des yeux myopes, le traitement exige une approche plus pluridisciplinaire. María Viñas Peña prévoit d’étendre les réussites de MYOMICRO de la sclérotique à la rétine. En développant des technologies de nano-imagerie, elle se propose d’étudier les voies de signalisation rétinosclérales au cours du développement normal de l’œil. Cette étape ambitieuse permettra d’étudier la relation complexe entre l’activité rétinienne, la fonction visuelle et les changements moléculaires et structurels dans les circuits rétiniens conduisant au remodelage scléral.
Mots‑clés
MYOMICRO, myopie, sclérotique, myopie, collagène, réticulation du collagène scléral, élastographie par cohérence optique, imagerie de durée de vie de fluorescence