La compréhension et la guérison d'une pathologie rare à portée de main
Les cils sont de minuscules structures en forme de cheveu que l'on rencontre dans les poumons, les bronches et le système reproductif. Ils sont flexibles et font partie du système de nettoyage des voies respiratoires, où leurs ondulations continues empêchent la poussière et les germes d'entrer. La dyskinésie ciliaire provoque une dysmotilité ou un immobilisme complet des spermatozoïdes conduisant à une infertilité masculine. Ce syndrome très rare, d'une fréquence de 1 pour 30 000, se manifeste par des infections de poitrine, un rhume continu, une grande quantité de mucus et de nombreuses inflammations oto-rhino. Fait assez surprenant, la moitié des patients souffrant de ce syndrome ont des organes placés en miroir, le coeur étant situé du côté droit au lieu du côté gauche de la poitrine, condition également appelée "situs inversus". On ne dispose actuellement d'aucun remède et le traitement se concentre principalement sur les complications affectant les voies respiratoires supérieures et inférieures. Aucun des gènes responsables n'a été identifié, bien que l'architecture complexe des cils suggère une hétérogénéité génétique. Le projet actuel, à financement européen, a réalisé une analyse liée à l'échelle du génome. Des échantillons de 61 familles européennes et nord-américaines atteintes de DCP ont été collectés. La recherche liée au niveau du génome a été menée dans 31 familles multiplexes; sur 169 individus, dont 70 atteints; en utilisant 188 marqueurs polymorphes équitablement séparés. Aucune localisation majeure n'a été détectée; les résultats suggèrent a contrario une forte hétérogénéité de localisation. Il semble, à partir des résultats de l'analyse, que ce phénotype de DCP autosomique récessif très hétérogène possède au moins 3 gènes hautement soupçonnés d'être responsables de ce phénotype dans différentes familles. La mobilité des cils est due à des complexes dynéiques principalement composés de chaînes lourdes de dynéine axonémale. 9 des gènes constituant ces chaînes ont été identifiés, dont l'un ne l'avait jamais été auparavant. Les résultats obtenus peuvent étayer de futures recherches sur le traitement des causes de l'affection en utilisant des corrélations phénotype-génotype, la caractérisation des gènes DCP et une compréhension de sa pathophysiologie. La rareté des cas de DCP, conjuguée à la complexité, rendent indispensables des collaborations internationales futures impliquant des scientifiques et des experts de disciplines complémentaires, afin d'identifier les gènes responsables et de déboucher finalement sur un traitement.