Une nouvelle humeur pour échapper à la dépression
L'état dépressif contrarie notablement la qualité de la vie. La dépression résistant aux traitements est la quatrième cause d'invalidité, et coûte cher en termes sociaux et économiques. Chez l'homme, les troubles de l'humeur découlent de trois processus fondamentaux: l'incapacité à ressentir du plaisir, une sensibilité excessive au stress, et un concours de circonstances négatives. La prédisposition à la dépression dépend également de facteurs sociaux, familiaux et de genre, mais on ignore largement comment ces facteurs se traduisent dans le cerveau en termes de mécanismes moléculaires. Le projet Newmood («New molecules in mood disorders: a genomic, neurobiological and systems approach in animal models and human disorder») a donc conçu des études d'expression génique en vue d'identifier de nouvelles molécules impliquées dans les troubles de l'humeur. Les chercheurs de Newmood ont appliqué une approche génomique pour détecter et confirmer les gènes dont l'expression s'avère modifiée chez des animaux vulnérables à la dépression. Les gènes candidats ont ensuite été vérifiés chez l'homme, via l'association avec des marqueurs de la vulnérabilité. Une autre approche, de type suivi, a découlé des études d'expression post-mortem de patients dépressifs. La première étape a été la création de souris génétiquement modifiées afin de tester les modifications de la transcription sous l'action de facteurs dépresseurs, comme la séparation de la mère et un stress chronique d'intensité moyenne. L'association des études de transcription avec les données d'expression générées par Newmood a donné un moyen de valider rapidement les nouveaux gènes candidats. Newmood a établi un ensemble complet de données de transcription chez l'homme et les rongeurs pour l'expression génique associée à la pathogenèse de la dépression. Les données associent l'activité moléculaire avec des marqueurs comportementaux soigneusement validés et résultant de l'activité du cerveau. Les chercheurs ont constaté que certains gènes agissent sur la vulnérabilité à la dépression par des processus similaires chez l'homme et chez les rongeurs. Il s'agit du récepteur du cannabis CB1, du transporteur 5-HT, de la tryptophane hydroxylase 2 et du BDNF (facteur neurotrophique dérivé du cerveau). Les chercheurs du projet Newmood pensent qu'ils pourront concevoir une nouvelle méthode de vérification d'hypothèse pour détecter les mécanismes moléculaires en rapport avec la dépression. Les résultats du projet ont posé les bases d'une description moléculaire des troubles de l'humeur. La découverte de gènes dont l'activité varie avec la dépression est la première étape vers une nouvelle voie de recherche qui promet de découvrir de nouvelles cibles et de nouveaux médicaments contre la dépression.