Améliorer la qualité de la vie grâce aux technologies de la Société de l'information
La société était au centre des débats lors de la conférence IST (technologies de la Société de l'information) 2001, organisée à Düsseldorf, intitulée "Des technologies au service du citoyen". L'objectif de la conférence était d'analyser les avantages que les IST pourraient apporter à la société et d'examiner les moyens permettant à chacun d'y accéder. Convaincu que le fossé numérique peut être comblé, le Commissaire en charge des Entreprises et de la Société de l'information, Erkki Liikanen, a expliqué à CORDIS Nouvelles que les Etats membres de l'UE devraient consentir à davantage d'efforts dans ce domaine. "Nous n'en avons pas fait assez", a déclaré M. Liikanen. "La connexion des écoles à Internet et la refonte des cursus scolaires constituent l'une des questions essentielles en la matière". Le Commissaire a expliqué que les programmes scolaires devaient être revus afin que les besoins dans le domaine des TI ne soient pas vus comme un ensemble distinct mais bien comme un élément à part entière de toutes les matières. "Les employeurs et le secteur public ont également leur part de responsabilité", a déclaré M. Liikanen. Ils doivent s'assurer que le contenu Internet qu'ils proposent présente un intérêt pour les citoyens, selon le Commissaire. Si un contenu adéquat est mis à disposition, les citoyens préféreront "travailler en ligne plutôt que de faire la file", a expliqué M. Liikanen à CORDIS Nouvelles. Il a toutefois ajouté que beaucoup des mesures requises ne pouvaient être prises par les Etats membres et qu'une réglementation en la matière était nécessaire. "Il nous faut un cadre législatif assurant la concurrence. Le secteur public a un rôle à jouer lorsque son soutien est nécessaire, par exemple dans les régions éloignées", a souligné M. Liikanen. Wolfgang Clement, ministre-président du Land allemand de Rhénanie du Nord-Westphalie, a également lancé un appel en faveur d'une Société de l'information "pour tous". "A quoi nous sert la meilleure technologie si on ne peut y avoir accès, si elle nous fait peur ou si mes connaissances et mes compétences sont insuffisantes pour me permettre d'en exploiter le potentiel?", a déclaré M. Clement à l'ouverture de la conférence. "Aucune économie politique moderne ne peut tolérer qu'une part importante de sa population ne sache pas utiliser les technologies de communication modernes ou n'en ait pas l'occasion", a-t-il poursuivi. "Nous devrions nous demander franchement pourquoi un nombre croissant de personnes éprouvent des difficultés à utiliser un ordinateur ou Internet. Nous ne devons pas et ne pouvons tout simplement pas attendre que la génération "Internet" ait quitté l'école. Nous avons là une mission politique de taille à mener à bien. Avec les acteurs sociaux, nous devons veiller à ce que chacun se voie offrir les mêmes chances et les mêmes opportunités d'accéder aux technologies de l'information. "On ne peut laisser le "fossé numérique" souvent évoqué diviser nos sociétés en perdants et gagnants du développement technique. Nous ne devons pas seulement rendre la technologie plus conviviale, mais également soutenir et développer les compétences des citoyens en matière d'utilisation des technologies et des médias." M. Clement a rappelé à son auditoire qu'à partir du moment où les citoyens sont ouverts au progrès technologique, ils sont aussi des attentes. Ce point a également été évoqué par Rodolfo Cattani, membre de l'Union européenne des non-voyants, qui a conclu son exposé sur les besoins et priorités futurs de la recherche dans la Société de l'information en déclarant: "La technologie nous a beaucoup apporté. Elle a aiguisé notre appétit et maintenant nous avons très faim, vous devez donc nous apporter une nourriture de qualité!" M. Cattani a souligné que si la technologie pouvait révolutionner la vie des personnes handicapées, elle pouvait également représenter un obstacle supplémentaire. Il a soulevé la question des dispositions relatives à la recherche sur les technologies destinées aux personnes moins valides dans le contexte du Sixième programme-cadre (6ème PCRD), expliquant que la recherche dans ce domaine n'est pas mentionnée explicitement mais "cachée" sous différents intitulés. M. Cattani a lancé un appel en faveur d'une recherche accrue axée sur la fonctionnalité et l'accessibilité, par exemple pour Internet, les téléphones mobiles, les moyens de transport, les informations sur les routes et les transports ainsi que les maisons intelligentes. Les maisons intelligentes sont conçues pour les personnes âgées, "métastables" (c'est-à-dire qui n'ont besoin que d'une aide ponctuelle) et fonctionnent au moyen d'environ 40 capteurs connectés à une radio. La technologie dialogue avec l'occupant, il ne s'agit donc pas d'une simple ingérence. Aucune information ne sort de la maison, à l'exception d'un signal d'alarme en cas de problème, ce qui garantit le respect de la vie privée de l'occupant. M. Cattani a souligné qu'une conception adéquate permet de réduire l'assistance humaine requise et accroît l'indépendance des personnes moins valides, répétant ainsi ce que Bengt Lindqvist, rapporteur spécial pour les questions en rapport avec les handicaps auprès de la Commission du développement social des Nations unies et ancien ministre des Services sociaux et de la Politique des familles en Suède, avait précédemment évoqué lors de la conférence. S'exprimant sur son expérience personnelle, M. Lindqvist, qui est non-voyant, a expliqué que lorsqu'il est devenu membre du parlement suédois en 1982, les services de trois assistants lui étaient nécessaires pour s'occuper de sa correspondance et qu'en 1995, au moment où il a quitté le parlement, un système informatique accessible lui permettait de tout faire tout seul. "Je sais que ce système [informatique accessible] peut faire des miracles", a-t-il déclaré. "Les institutions démocratiques ont un rôle de première importance à jouer: elles doivent montrer l'exemple et encourager", a déclaré M. Lindqvist "Mais le seul moyen de garantir l'accessibilité est de légiférer", a-t-il ajouté. "Nous avons dû faire face à l'inaccessibilité pendant 30 ans. Bien sûr, les choses se sont améliorées, mais les installations ne sont pas toujours matériellement accessibles". L'UE contribue à améliorer l'accessibilité pour les personnes moins valides ainsi que leur qualité de vie en finançant un certain nombre de projets. TOPCARE vise le développement de systèmes techniques et TI pour les services d'assistance "électronique" à domicile et ouvre la voie à des services collectifs de santé à domicile fournis chez les patients. Le système sera utilisé pour la surveillance à domicile et le traitement des patients nécessitant des traitements par perfusion. PLAY2 permettra de constituer des archives musicales que les musiciens non-voyants pourront utiliser, tandis que le projet TIM améliorera l'accès aux jeux multimédias pour les enfants malvoyants. REHAROB développe un système destiné aux patients présentant des troubles neuromoteurs qui analysera, selon des normes déterminées, les fonctions de la main et du bras. Enfin, vient le projet "Talking Bar Codes", qui porte sur le développement d'un scanner portable permettant aux personnes ayant une vision déficiente de lire des versions "codes-barres" de documents.