Une étude apporte d'autres preuves de l'incompréhension qui règne entre science et société
Le grand public attend trop des scientifiques, mais ceux-ci sont peu enclins à faire passer leur message - telles sont deux des conclusions d'une étude menée par MORI (Market and Opinion Research International) au Royaume-Uni, qui met en lumière la dichotomie entre le grand public et la communauté scientifique quant à la perception de la science. Selon cette étude, 61 pour cent des interviewés représentatifs du public attendent de la science qu'elle "fournisse des garanties à 100 pour cent sur la sûreté de la médecine", une demande que les scientifiques estiment ne pouvoir ni ne devoir satisfaire. D'un autre côté, le caractère déficient de la publicité faite par les scientifiques à leurs travaux est illustré par le fait que sept pour cent seulement d'entre eux considèrent spontanément les médias comme un groupe avec lequel il est important de communiquer. Quelque deux tiers des scientifiques ont admis ne pas avoir parlé à un quelconque média au cours de l'année écoulée. Le grand public a aussi indiqué que les scientifiques devaient améliorer leurs compétences en matière de communication. Environ 85 pour cent des interviewés disent que les scientifiques doivent réformer la façon dont ils communiquent les conclusions de leurs recherches via les médias, d'autant plus que 90 pour cent des interviewés s'en remettent aux médias pour s'informer en matière scientifique, dont 65 pour cent spécifiquement à la télévision. En dépit du fossé clair qui existe entre le grand public et la communauté scientifique, le public demeure largement un soutien de la science. Quelque 87 pour cent des interviewés estiment que la science a un impact positif sur la société, et trois pour cent seulement d'entre eux ont un avis inverse. Les conclusions de cette étude ont servi à souligner le besoin de centres rapprochant le grand public, les médias et la communauté scientifique. Un tel centre, le Science Media Centre, a ouvert ses portes le 2 avril au Royaume-Uni pour contribuer à rendre la science plus accessible au public et les médias plus accessibles aux scientifiques. Ce centre a été créé par des scientifiques soucieux de mieux transmettre les résultats de leurs travaux et de renforcer l'intérêt et le soutien du public. "Nous avons d'un côté un grand public qui, apparemment, saisit mal la façon dont la science fonctionne, et de l'autre, de nombreux scientifiques qui sont tout aussi maladroits vis-à-vis des médias", explique Fiona Fox, la responsable du nouveau centre.