Des étudiants demandent des conseils de carrière à des lauréats du prix Nobel
Le 25 septembre, les candidats à l'édition de cette année du concours de l'Union européenne pour jeunes scientifiques ont bénéficié de l'opportunité unique de solliciter des conseils de carrière auprès d'un groupe de lauréats du prix Nobel de très grand renom. Au cours d'une session d'une durée d'une heure, les étudiants ont demandé à Harold Kroto et Ivar Giaever, lauréats du prix Nobel, ainsi qu'à Szilvester Vizi, président de l'académie hongroise des sciences, de commenter un certain nombre de sujets, parmi lesquels les carrières scientifiques et la perception par le grand public des recherches scientifiques. Les lauréats ont d'abord été invités à exposer les qualités requises pour devenir un bon scientifique. M. Kroto, qui a été récompensé par le Nobel en 1996 pour la découverte des fullerènes, a expliqué qu'une curiosité insatiable est la qualité la plus importante que peut posséder un scientifique. "Le fait d'être simplement intéressé et fasciné par le fonctionnement des choses est déjà un bon début", a-t-il déclaré. Tout en approuvant cette analyse, M. Giaever et M. Vizi ont laissé entendre que la question est un peu plus complexe. "Ce qui importe dans les sciences, c'est de savoir comment les mettre en pratique", a remarqué M. Vizi, spécialiste de la neurotransmission des stimulus. A la demande de prodiguer des conseils aux scientifiques potentiels en Europe quant aux filières à emprunter dans un premier temps, le panel s'est accordé à dire que les étudiants ne doivent pas se focaliser excessivement sur leur carrière. "Vous devez impérativement vous assurer d'avoir intégré les rudiments lorsque vous vous lancez", a commenté M. Giaever, qui a reçu le prix Nobel en 1973 pour ses études inédites sur la supraconduction ayant abouti à la découverte fondamentale des supraconducteurs à effet tunnel. "Engagez-vous dans les sciences lorsque vous êtes jeunes, et le monde vous appartient", a-t-il proclamé. "Je pense que les jeunes intéressés par les sciences ne doivent pas s'inquiéter pour leur carrière", a ajouté M. Kroto. "Les étudiants doivent plutôt se soucier de réaliser leurs expériences au mieux de leurs capacités (.). S'ils travaillent avec passion, ils constateront que beaucoup plus de filières leur ouvriront leurs portes." D'après M. Vizi, les jeunes intéressés par une carrière doivent toutefois se faire épauler par un tuteur. "Il est très important de structurer ses idées à un stade précoce", a-t-il affirmé. "Mon conseil serait d'approcher une personne réellement brillante dans un domaine et d'apprendre son mode de réflexion." Le panel a également été appelé à commenter le fossé actuel entre les sciences et la société, ainsi que le manque de compréhension des avantages que les sciences procurent à la société. "Il s'agit d'un phénomène relativement neuf", a expliqué M. Kroto. "Au cours des 30 à 40 dernières années, les sciences du vivant et les technologies ont considérablement simplifié notre existence, mais aujourd'hui, nous n'en apprécions plus les avantages car nous sommes immergés dans cette mouvance." M. Giaever et M. Vizi ont tous deux admis que l'impression défavorable qu'entretient une majorité de la population est imputable à des déficiences de compréhension et aux mutations de la société. "Bon nombre de personnes à l'heure actuelle pensent malheureusement davantage à l'argent et ne se soucient pas de prendre le temps nécessaire pour observer les avantages des sciences ou d'embrasser une carrière dans cette branche", a confié M. Vizi à CORDIS Nouvelles. "Les sciences sont réputées difficiles et les étudiants tendent à opter pour des carrières plus rémunératrices." M. Vizi est toutefois convaincu qu'un meilleur dialogue peut être établi entre les sciences et la société si une nouvelle direction est imprimée dans la politique scientifique européenne. "L'UE s'oriente dans la bonne direction à travers ses projets d'Espace européen de la Recherche et d'Espace de l'enseignement supérieur", a-t-il indiqué. "Un nombre croissant de personnes devraient être encouragées à s'engager dans les sciences."
Pays
Hongrie