La Commission répond aux appels pour un Conseil européen de la recherche
Alors qu'un groupe de lauréats du prix Nobel a rendu visite à Philippe Busquin, Commissaire à la Recherche, à Bruxelles afin de discuter de la création d'un Conseil européen de la recherche (CER), la Commission a annoncé que cet organisme pourrait entamer ses activités en 2005 si tout se passe comme prévu. M. Busquin a indiqué que la Commission doit publier cette année encore une communication dans laquelle elle approuvera l'institution d'un tel organisme, qui serait chargé de financer et de promouvoir la recherche fondamentale à l'échelle européenne. Davantage de précisions sur la structure et le financement du CER proposé figureront dans une deuxième communication, en 2004, a ajouté un porte-parole de M. Busquin. Le 8 octobre, cinq éminents scientifiques ont rencontré M. Busquin afin de discuter d'une lettre qui lui a été adressée au nom de 45 lauréats du prix Nobel, qui appellent la Commission à progresser dans la formation d'un CER. D'après cette lettre, les programmes de recherche européens actuels n'accordent pas un soutien suffisant aux exigences spécifiques de la recherche fondamentale, et un CER est capital pour l'amélioration de la compétitivité européenne. Le professeur Tim Hunt a expliqué les raisons pour lesquelles il considère que les mécanismes de financement européens existants ne sont pas aptes à promouvoir la recherche motivée par la curiosité: "Conclure un contrat pour qu'une personne réalise une découverte fondamentale est absurde. Les découvertes se produisent à l'endroit où on les attend le moins." Sir James Black, également lauréat du prix Nobel, a exprimé un avis similaire: "La curiosité est une caractéristique distinctive de l'humanité moderne. Si nous nous préoccupons un tant soit peu de notre avenir, nous devons investir une partie de nos richesses dans la création à long terme de nouvelles connaissances." M. Busquin s'est pour sa part montré réceptif aux appels des scientifiques. Il a souligné que les négociations doivent être poursuivies pour parvenir à un accord sur l'organisation d'un CER, mais affirmé que cet organisme opérera au niveau européen, qu'il mettra l'accent sur la promotion de l'excellence et qu'il conservera un degré élevé d'autonomie scientifique. L'idéal serait selon ses termes de promouvoir la coopération parmi les meilleures équipes actives dans la recherche fondamentale en Europe. A propos de l'aspect crucial du financement, M. Busquin a déclaré: "Nous devons déterminer la manière de procurer au CER les ressources substantielles qu'il requiert afin d'éviter qu'il ne se résume à une énième instance bureaucratique." A la question du budget dont peut espérer bénéficier cet organisme, le Commissaire a répondu: "Le montant le plus élevé possible, mais certainement plusieurs centaines de millions d'euros." Dès lors qu'un certain nombre de groupes réputés ont déjà appelé à un CER entièrement financé par des ressources communautaires, la Commission s'est refusée à spéculer quant aux origines dont elle pense que les fonds doivent provenir. Un porte-parole de M. Busquin a commenté: "Il est prématuré de dire si le financement du CER sera issu du budget du programme-cadre, d'autres sources européennes ou inclura des contributions des Etats membres et de l'industrie. En tout état de cause, nous ne voulons pas tuer l'idée dans l'oeuf en nous enfermant dans un débat sur le financement."