La technologie, le talent et la tolérance sont des impératifs à la conservation ces cerveaux, selon un rapport
D'après un document rédigé par Richard Florida et Irene Tinagli et publié par le think thank britannique Demos, la compétitivité est alimentée par l'existence d'une " classe créative ". Le développement d'une classe créative dépend toutefois des " 3 T " du développement économique: la technologie, le talent et la tolérance. La tolérance constitue le facteur vital qui contribue à combler le fossé qui sépare l'UE des États-Unis en matière de compétitivité, commente le document intitulé " Europe in the creative age ". La classe créative désigne les personnes qui travaillent dans la science et l'ingénierie, la recherche et le développement, les industries technologiques, les arts, la musique, la culture, l'esthétique et la conception, ainsi que dans les secteurs fondés sur la connaissance des soins de santé, de la finance et du droit. Entre 25 et 30% des travailleurs des nations industrielles travaillent actuellement dans ces secteurs. Le document affirme que les entreprises suivent le talent de plus en plus près plutôt que d'attendre que les personnes qui conviennent se tournent vers les lieux de concentration des investissements et des technologies. Ces " personnes qui conviennent ", qui appartiennent à la classe créative, sont attirées vers des lieux occupés par des communautés ouvertes et diverses, où la différence est saluée et la créativité culturelle d'accès facile. Les auteurs notent que le climat politique américain actuel, qui a compliqué la délivrance des visas aux scientifiques étrangers, sape l'avantage concurrentiel du pays. Certains pays européens, notamment ceux du Nord, sont bien placés pour tirer profit de cette tendance aux États-Unis. " La Finlande, la Suède, le Danemark, les Pays-Bas et la Belgique jouissent visiblement d'atouts concurrentiels qui leur sont propres ", écrivent le professeur Florida et Mme Tinagli. " Ces pays disposent de capacités technologiques considérables, ont investi et continuent à investir dans le développement du talent créatif, de même qu'ils affichent les valeurs et les mentalités propres à pouvoir attirer le talent créatif de l'extérieur. " L'Irlande est également décrite comme une nation pleine d'avenir qui connaît une croissance significative de sa classe créative depuis 1995. Rassemblant tous les indicateurs, la " matrice de l'euro-créativité " créée par le professeur Florida et Mme Tinagli répartit les États membres de l'UE en quatre catégories: les états à la pointe, les états émergents, les états en régression et les états à la traîne. Les résultats démontrent que les pays considérés traditionnellement comme le moteur économique de l'Europe, notamment la Grande-Bretagne et l'Allemagne, ne peuvent plus prétendre à ce statut et cèdent leur place aux états à la pointe que sont la Finlande, la Suède et le Danemark, ainsi que les Pays-Bas et la Belgique, qui se placent pas loin derrière. La Grande-Bretagne et l'Allemagne sont répertoriés dans la catégorie des états en régression. L'Espagne, l'Australie, le Portugal, la Grèce et la France font partie des pays à la traîne. Les auteurs concluent que la compétitivité de " l'ère créative " n'est pas figée et que les États-Unis ne resteront pas nécessairement l'épicentre de l'économie créative. " Les leaders économiques traditionnels peuvent perdre leur statut dans une économie créative naissante marquée par l'émergence rapide de nouveaux centres créatifs dynamiques. Nous nous trouvons à un curieux point d'inflexion. Les États-Unis, qui ont affiché pendant des années une capacité inégalée à attirer les meilleurs et les plus brillants [.] semblent en passe d'abandonner leur leadership. Nos études indiquent que la position privilégiée des États-Unis change, notamment en raison des politiques d'immigration libéralisées de bon nombre de pays européens, du Canada et de l'Australie, qui permettent à ces pays d'attirer et retenir efficacement le talent venu du monde entier. "