L'évaluation à mi-parcours des instruments du 6e PCRD salue l'ambition mais estime que la mise en ouvre peut être améliorée
Ramon Marimon, secrétaire d'État espagnol entre 2000 et 2002 et président d'un groupe d'experts de haut niveau chargé de procéder à une évaluation à mi-parcours des nouveaux instruments introduits pour le sixième programme-cadre (6ePCRD), a présenté les résultats du groupe à la réunion informelle du Conseil Compétitivité le 3 juillet. Le rapport contient une série de recommandations sur les projets intégrés et les réseaux d'excellence: certaines peuvent être mises en ouvre dans le cadre du 6ePCRD et d'autres devraient être intégrées dans le 7ePCRD, a expliqué le Dr Marimon à CORDIS Nouvelles. Comme le souligne le rapport, la communauté scientifique attendait énormément du 6e PCRD, et en particulier des nouveaux instruments. Ces attentes n'ayant été que partiellement satisfaites, certains points du rapport sont plutôt négatifs. Toutefois, comme le souligne le Dr Marimon, les participants à cette étude se sont montrés généralement très positifs à l'égard des nouveaux instruments du point de vue de leurs objectifs et de leur ambition. "Les critiques portent surtout sur la mise en ouvre et les perceptions quant à la taille." "Le principal enseignement à tirer de cette étude est que nous devons davantage tenir compte des souhaits et des capacités de la communauté scientifique", a déclaré le Dr Marimon. Les 12 recommandations rédigées par le groupe du Dr Marimon couvrent un large éventail de sujets, parmi lesquels la clarification des objectifs des instruments, une meilleure flexibilité pour les participants, la masse critique, la différence entre les projets intégrés et les projets de recherche spécifiques ciblés (STREP), le soutien aux groupes de recherche innovants, les petites et moyennes entreprises (PME) et l'évaluation des projets. Les principales inquiétudes des participants à cette étude portent notamment sur deux points: les coûts associés à une soumission d'offre et les perceptions quant à la taille d'un consortium de projet. "On a, à tort, tendance à croire que les nouveaux instruments doivent être très grands", précise le résumé analytique du rapport.. "La masse critique est fonction du sujet, du domaine thématique, des participants et de l'incidence et de la valeur ajoutée potentielles. Les domaines thématiques et les instruments ne peuvent faire l'objet d'une approche 'à taille unique'" Achilleas Mitsos, directeur général de la DG Recherche de la Commission, a également abondé dans ce sens lors d'un entretien avec CORDIS Nouvelles le 1erjuillet: "Ce n'est pas la taille qui distingue chaque instrument, mais bien sa portée", a déclaré le Dr Mitsos. "Les réseaux d'excellence, les projets intégrés et les projets de recherche spécifiques ciblés ont des objectifs différents. Ils ont différentes raisons d'être. C'est donc la portée qui définit l'instrument et non la taille. Nous ne voulons pas de grandes choses [...]. Pour vous illustrer ce que je tente d'expliquer, nous devons pouvoir disposer d'un STREP, par exemple, qui soit plus grand en taille qu'un projet intégré." Faisant particulièrement référence aux réseaux d'excellence, le Dr Mitsos a ajouté que "les bonnes intentions de la Commission visant à créer quelque chose de simple" - à savoir baser les calculs des financements sur le nombre de chercheurs impliqués et le type de recherche - "ont incité les gens, en insistant sur la taille et les grands projets, à penser qu'ils devaient présenter de vastes propositions avec de trop nombreux chercheurs et laboratoires et bien moins d'intégration. On peut intégrer deux ou trois, voire cinq laboratoires, mais en intégrer 50 ou 70 est une tâche bien plus ardue". Le Dr Mitsos a toutefois souligné que la Commission avait déjà amélioré la situation à cet égard. "Le deuxième appel était bien plus clair et l'opposition l'était bien moins", a déclaré le Dr Mitsos. "Nous en sommes les principaux responsables", a-t-il ajouté. "Lorsque vous écrivez quelque chose et que le lecteur le lit différemment, ce n'est jamais la faute de la personne qui le lit." Le rapport d'évaluation à mi-parcours soulève également une préoccupation en ce qui concerne la prescription de certains instruments à certains appels, ce qui encourage certains consortiums à adapter leurs propositions afin d'obtenir ce qui, selon eux, sera davantage susceptible de bénéficier d'un financement. "Les gens modifient leur projet afin d'obtenir une approbation", a déclaré le Dr Marimon à CORDIS Nouvelles. Il recommande dès lors que les chercheurs choisissent eux-mêmes les instruments les plus adaptés à leurs objectifs de recherche. "La Commission européenne devrait préciser quels instruments sont disponibles ainsi que les objectifs stratégiques. Les participants devraient déterminer l'objectif de recherche spécifique qu'ils entendent poursuivre et la raison pour laquelle l'instrument qu'ils ont choisi correspond le mieux à cet objectif", stipule la troisième recommandation du rapport. "Nous devons accorder davantage de place et de poids aux participants", a ajouté le Dr Marimon. Le groupe d'experts a estimé que les coûts et les risques qu'implique la participation au 6e PCRD étaient "excessivement élevés". Aussi les membres proposent-ils d'appliquer une procédure d'évaluation en deux étapes. En vertu de cette dernière, les participants potentiels devraient soumettre tout d'abord une brève proposition, laquelle serait évaluée selon un ensemble restreint de critères, notamment le caractère adéquat et l'excellence. "Dès qu'ils savent qu'ils ont une chance d'obtenir un financement, ils peuvent alors détailler leurs idées et investir davantage dans la proposition", a déclaré le Dr Marimon à CORDIS Nouvelles. Pour l'heure, le travail du Dr Marimon et de ses collègues au sein du groupe d'experts est terminé. Leur mandat d'évaluation de l'efficacité des nouveaux instruments, comme l'avaient demandé le Parlement européen et le Conseil au cours des négociations sur le 6e PCRD, est arrivé à terme. "Je pense que le travail honnête que nous avons fourni a été bien accueilli", a déclaré le Dr Marimon. Il se félicite du résultat, qu'il définit comme un rapport se basant sur plus que des avis. "Notre travail a véritablement porté ses fruits", a-t-il expliqué. Il attend à présent une réaction officielle à son travail de la part de la Commission, et dont le contenu déterminera si oui ou non le groupe d'experts doit rédiger une réponse. Du côté de la Commission, le Dr Marimon a conclu en disant que "le suivi n'implique pas un changement de procédures". À en juger par les commentaires du Dr Mitsos, qui a utilisé la phrase "continuation sans dogme" pour s'en référer à l'intention de la Commission d'analyser les critiques du rapport et d'apporter des changements si nécessaires, les procédures sont déjà en cours de réévaluation.