Le prix Descartes contribue lentement mais sûrement à améliorer le profil de la recherche européenne, selon M. Gerold
Lors d'une soirée de gala organisée le 12 juillet dernier à Bruxelles pour célébrer le cinquième anniversaire du prix Descartes européen pour l'excellence scientifique, le Dr Rainer Gerold, directeur de la direction Science et société de la DG Recherche de la Commission, a confié à CORDIS Nouvelles que si ce prix nécessite encore quelques ajustements, il est en bonne voie pour devenir un prix scientifique majeur. Plusieurs éléments concourent à conférer un statut spécial au prix Descartes de cette année, a expliqué le Dr Gerold. Tout d'abord, la cérémonie de remise des prix de cette année aura lieu au château de Prague en présence du président tchèque Vaclav Klaus. "C'est la première fois que le président d'un pays européen prend part à cette manifestation", a déclaré le Dr Gerold. "Deuxièmement", a-t-il ajouté, "nous lançons le premier prix Descartes pour la science de la communication. Et troisièmement, nous présenterons une exposition sur tous les lauréats des éditions précédentes. La conjonction de tous ces facteurs devrait faire de la cérémonie de cette année un événement très prestigieux." Ce sentiment était partagé par d'autres participants à la soirée de gala, dont l'un a qualifié la cérémonie de Prague de "saut qualitatif". Il semble en effet que bien qu'il en soit encore à ses débuts, le prix Descartes s'impose lentement dans le monde scientifique. D'après un responsable de la Commission, l'objectif consistant à créer une communauté Descartes a été atteint au cours de ces deux dernières années. Il estime également que ce qui a été accompli en termes d'excellence est significatif: "Nous pouvons désormais nous appuyer sur ce qui a été réalisé et en faire quelque chose d'important", a-t-il déclaré. "Plus spécifiquement, nous devons nous concentrer sur la valorisation de la recherche auprès du public". Le Dr Gerold partageait ce point de vue, affirmant que "si la science a besoin d'excellence, elle a tout autant besoin d'une culture plus scientifique qui célèbre la science et la communique". "Toutefois", a-t-il ajouté, "à l'heure actuelle, il n'y a pas assez de publicité autour du prix Descartes." Le Dr Gerold a expliqué que le prix récompensait des projets de recherche collaborative, et il est souvent plus difficile pour une équipe de faire de la publicité que pour une personne, qui jouit d'une histoire et d'une personnalité singulières. Il reste pourtant optimiste. "Je pourrais dire que la finale du championnat d'Europe de football nous a indiqué la voie à suivre. En effet, au bout du compte, c'est une équipe sans grande vedette qui a remporté la coupe. Tout cela s'est résumé à un travail d'équipe efficace. De la même manière, ce travail d'équipe est un facteur essentiel de la science." "Récompenser des individus ne correspond pas à la réalité d'aujourd'hui et à ce dont nous avons besoin", a souligné le Dr Gerold. "Nous avons le sentiment que la singularité du prix Descartes, à savoir un dosage de travail d'équipe et d'excellence, pourrait servir d'exemple pour d'autres prix à venir." Le Dr Gerold a toutefois déploré le faible nombre de propositions pour cette année; en 2004, on a compté seulement 28 participants, contre 36 en 2003 et plus de 100 en 2002. "Nous devons mobiliser le monde universitaire et le monde industriel en vue d'accroître le nombre de participants. Heureusement, cette réalité n'affecte pas la qualité des candidatures", a ajouté M. Gerold. Concernant le Grand jury, le Dr Gerold a souligné son importance: "Tous les prix sont tributaires de la qualité du Grand jury et jusqu'à présent, nous avons toujours eu beaucoup de chance." Le Dr Gerold s'est également félicité que le prix ne se limite pas aux seuls Européens. "C'est un signe d'ouverture des prix européens", a-t-il déclaré. "Le seul autre point que je regrette, a confié M. Gerold à CORDIS Nouvelles, "c'est l'absence de représentation du domaine des sciences sociales. Les spécialistes du secteur ne semblent pas avoir pris connaissance du prix Descartes. C'est pourquoi nous avons l'ambition de les mobiliser. Nous ne transigerons toutefois pas avec le concept d'excellence dans le seul but d'inclure les experts en sciences sociales", a-t-il insisté. "La même remarque vaut pour la participation des femmes", a ajouté le DrGerold. "Même si nous souhaitons voir leur nombre augmenter, nous ne ferons aucun compromis en termes de qualité. Nous préférons n'avoir aucune femme plutôt que plusieurs candidates qui ne répondent pas aux normes générales." Au cours d'un entretien avec CORDIS Nouvelles, un autre responsable de la Commission a expliqué que pour accroître la crédibilité et l'impact du prix, la Commission travaillait à l'élaboration d'un double partenariat. "D'une part, la Commission consolidera son partenariat existant avec les instituts de recherche, les académies scientifiques nationales et d'autres organisations internationales et d'autre part, nous entendons renforcer notre partenariat interne avec d'autres directions générales et services." Par ailleurs, a conclu ce responsable: "Nous savons qu'il nous faut être en contact permanent avec le monde scientifique et que nos méthodes doivent être réévaluées périodiquement en présence de la communauté scientifique."