Exploiter le potentiel commercial des algues microscopiques.
En effet, le coût élevé de la biomasse disponible et l’absence de technologie de bioraffinage adaptée sont les deux principaux obstacles à l’exploitation des algues. Réduire le coût de la production de biomasse, mettre en place une technologie efficace de bioraffinage et définir de nouveaux produits sont donc les clés pour accélérer la croissance et passer à l’échelle supérieure dans le secteur des algues. Le projet MIRACLES financé par l’UE s’est attaché à outrepasser ces obstacles «via l’innovation et le mise au point de technologies de production et de transformation des algues, et le développement de nouveaux produits», explique le coordinateur du projet, le Dr. Hans Reith. Les micro-algues: une ressource naturelle à gros potentiel Le consortium est ainsi parvenu à développer avec succès et à démontrer l’efficacité d’innovations technologiques destinées à améliorer la rentabilité de la production, de la récolte et de la transformation des algues. Des concepts de raffineries multi-produits rentables et toute une gamme de nouvelles spécialités à base d’algues destinées à l’alimentation, à l’aquaculture et à des applications non-alimentaires ont ainsi été élaborés. Les partenaires du projet ont également développé des technologies permettant de concentrer le CO2 de l’air pour cultiver les algues, d’optimiser les produits cibles en termes de consommation de biomasse à base d’algues, et de réduire les coûts liés à la culture et à la récolte. En menant une bioprospection dans des lieux extrêmes, l’équipe a sélectionné de nouvelles souches robustes destinées à l’industrie. Les travaux menés se sont accompagnés d’une évaluation exhaustive des opportunités de marché, d’une estimation techno-économique, de la mise au point de concepts et de scénarios complets de bioraffineries, et de plans d’affaires ciblant la valorisation totale de la biomasse des algues. Plus spécifiquement, les chercheurs ont intégré leurs résultats à huit scénarios de bioraffineries, couvrant la production de la biomasse jusqu’à la commercialisation des produits, et y ont incorporé les technologies développées et les données collectées au cours du projet. Ils ont ensuite évalué ces différents scénarios sur la base de leurs coûts et de leur rentabilité. Les conclusions ont montré qu’une bioraffinerie multi-produits destinée à la production de 10 000 tonnes de micro-algues offrait un réel potentiel commercial. Au contraire, les bioraffineries d’une taille similaire mais ciblant un seul produit seraient bien moins rentables. La production des algues représente, en fonction des scénarios, 60 % à 85 % des coûts totaux et serait donc le facteur de rentabilité clé. Produire des micro-algues commercialisables Les chercheurs ont également évalué la performance environnementale des concepts de bioraffineries multi-produits. Une analyse du cycle de vie a permis de quantifier les principaux impacts environnementaux et a identifié la consommation d’énergie comme étant le point clé de la culture et du raffinage des algues. Pour optimiser cette future technologie, l’accent doit donc être placé sur les stratégies d’économie d’énergie, de réduction des coûts et d’optimisation de la productivité pour la culture et la transformation. L’équipe projet a mené une analyse pour mieux comprendre les bénéfices sociétaux de la culture et de l’utilisation des algues, ainsi qu’une enquête sur les comportements des consommateurs et leurs attentes vis-à-vis des produits à base d’algues. Globalement, les consommateurs sont relativement ouverts sur le sujet et intéressés par ce type de produits. Les préoccupations exprimées sont principalement liées au goût, à l’odeur et à la pureté (toxines, contaminants). Des mesures comme la mise en place de politiques de contrôle de la qualité et une communication appropriée doivent être définies pour rassurer les consommateurs et leur montrer que leurs inquiétudes sont prises en comptes. MIRACLES a réuni tout un éventail de résultats exploitables, notamment en matière de technologies, d’applications à base de nouveaux produits et de modèles d’activité, encadrés par un plan d’affaires et de commercialisation. «Ces résultats exploitables contribuent à accroître l’écart entre les coûts de production et la valeur de marché des spécialités à base d’algues», déclare le Dr. Reith. «Cela démontre la faisabilité commerciale et la rentabilité potentielle des activités liées aux micro-algues.» Il explique que davantage de R&D sont nécessaires pour valider et prouver la viabilité à l’échelle industrielle des technologies et des produits mis au point. Les brevets sont en attente, et la création de nouvelles structures commerciales et le lancement de projets de suivi sont en cours d’examen. En associant réduction des coûts et création de valeur, le projet MIRACLES contribuera au développement et à la croissance du secteur des algues dans la bioéconomie et au renforcement de la compétitivité de l’industrie des biotechnologies marines européennes, et rendra cette dernière plus intéressante pour les investisseurs. «La stratégie de croissance bleue de l’UE bénéficiera également des retombées du projet avec la création d’emplois durables et le développement des biotechnologies des micro-algues et du secteur de l’aquaculture,» conclut le Dr. Reith.
Mots‑clés
MIRACLES, micro-algues, biomasse, bioraffinage, bioprospection