Sciences des matériaux: la contribution des infrastructures de recherche de l'Union européenne
Les infrastructures de recherche n'ont pas seulement été à l'origine de certaines des plus grandes découvertes scientifiques: elles jouent également un rôle influent en attirant les meilleurs chercheurs du monde entier et en jetant des ponts entre les disciplines scientifiques. La Commission européenne en a pris acte et finance des projets visant à optimiser les installations actuelles en Europe ainsi qu'à concevoir de nouvelles infrastructures. Chaque discipline scientifique utilise des infrastructures de recherche, qui vont des lasers, synchrotrons et sources de neutrons, aux librairies, bases de données et salles blanches. La Commission européenne a détaillé le 3 mars l'orientation d'une partie de son budget consacré aux infrastructures, à travers des présentations de projets centrés sur les sciences des matériaux. La manifestation a eu lieu au Rutherford Appleton Laboratory, dépendant du CCRLC (Council for the Central Laboratory of the Research Council), au Royaume-Uni, qui soutient le travail de plus de 10.000 scientifiques et ingénieurs, appartenant en majorité aux milieux de la recherche universitaire. Ses équipements permettent de mener des recherches sur les nouveaux matériaux et les nouvelles structures, notamment les électrolytes pour batteries, les aubes de turbines, les lasers à rayons X, l'astronomie spatiale et la physique des particules. Le projet NMI3, qui porte sur la diffusion neutronique et la spectrométrie des muons, est coordonné par l'ISIS, situé au Rutherford Appleton Laboratory. Il a pour principal objectif d'améliorer l'utilisation des infrastructures européennes dans le domaine de la diffusion neutronique et de la spectrométrie des muons. Le consortium, qui réunit 23 partenaires de 14 pays, s'y emploiera à travers des "activités d'accès", des activités de recherche commune et de mise en réseau. Grâce à ses "activités d'accès", NMI3 permet aux scientifiques européens de mener des centaines d'expériences, la priorité étant accordée à ceux qui ne pourraient d'ordinaire mener de telles recherches en raison d'un manque d'infrastructures dans leur propre pays. Si les percées majeures en ce domaine sont habituellement le fruit d'une seule expérience, les résultats combinés d'un grand nombre d'études pourraient conduire à des découvertes dans une grande étendue de domaines. Les recherches menées sous l'égide de NMI3 pourraient déboucher sur une réduction de la contrainte à laquelle les aubes de turbine sont soumises dans les turboréacteurs; sur de nouvelles soudures plus respectueuses de l'environnement; sur des améliorations dans la technologie des piles à combustibles; et sur des informations inédites quant à la mise en oeuvre des matériaux dans l'élaboration d'objets découverts par des archéologues. La coordination constitue également l'un des aspects majeurs du projet Laserlab Europe. Sciences des matériaux, sciences de la santé, biotechnologies, micro- et macro-production, métrologie, et technologies de l'information et de la communication (TIC): toutes sont fortement redevables au laser et à l'optique. La plupart des plus grands laboratoires nationaux oeuvrant en ce domaine en Europe sont impliqués dans ce consortium. Le travail sera axé sur deux activités de recherche commune qui s'attaquent à des problèmes tels que le contrôle de la lumière laser à courte impulsion et haute intensité et le franchissement des barrières technologiques au développement de lasers haute puissance à courte impulsion. Un troisième projet, intitulé IA-SFS (pour "integrating activity on synchrotron and free electron laser science") va permettre aux scientifiques de réaliser des expériences dans des infrastructures de premier plan situées dans différents pays. Il sert également de cadre de financement à des activités de recherche commune, impliquant l'utilisation de plusieurs équipements pour une même projet et susceptibles de déboucher sur de nouvelles techniques. Ces activités sont diverses et abordent des problèmes relevant de la biologie structurelle, des processus chimiques et physiques, des sciences des matériaux, des structures magnétiques et des faisceaux laser. Le septième programme-cadre (7e PC) prévoit une poursuite des subventions allouées aux infrastructures de recherche. Dans sa communication sur les perspectives financières de l'Union européenne pour la période 2007-2013, la Commission élève au rang de priorité le soutien aux infrastructures de recherche de dimension et portée européennes. Dans cet esprit, "développer les infrastructures de recherche de portée européenne" apparaît comme l'un des six objectifs majeurs dans la récente communication de la Commission concernant l'avenir de la politique de recherche en Europe.