Des astronomes britanniques vont scruter l'espace 12,8 milliards d'années en arrière
Une équipe anglo-australienne d'astronomes va utiliser un nouvel instrument afin de "remonter" 12,8 milliards d'années en arrière, à l'époque de l'apparition des premières étoiles suite au Big Bang. L'annonce du projet est intervenue lors d'une réunion d'astronomes qui s'est tenue à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et au cours de laquelle ont été notifiées nombre de découvertes récentes et tentatives à venir. Il aura fallu cinq ans à l'équipe anglo-australienne pour mettre au point DAZLE ("Dark Age Redshift Lyman Explorer"). En cas de succès, il leur permettra de partir sur les traces des galaxies les plus éloignées dans l'univers. Les étoiles apparues il y a 12,8 milliards d'années ont été les premières à émerger des ténèbres qui dominaient l'univers après le Big Bang. "DAZLE est un imageur spécial ultrasensible qui détecte la lumière infrarouge", a déclaré Richard McMahon, de l'université de Cambridge. "Il a été conçu pour la recherche de galaxies n'émettant aucun rayonnement aux longueurs d'onde optiques, mais des ondes infrarouges invisibles à l'oeil humain." L'instrument sera testé pour la première fois à la fin de cette année sur le VLT ("Very Large Telescope") de l'Observatoire européen austral, situé au Chili. "Les précédentes tentatives visant à scruter aussi loin en arrière dans le temps ont jusqu'à présent échoué; il pourrait donc s'agir d'une observation révolutionnaire", a déclaré M. McMahon. "A cette heure précoce de l'histoire de l'univers, une modification majeure s'est produite au niveau des gaz du cosmos", a-t-il expliqué. Après le Big Bang, l'univers a connu une expansion, puis s'est refroidi à une température de moins 270 degrés Celsius. A un certain moment, la Terre a connu un réchauffement, mais les opinions divergent quant à l'époque où cela s'est produit. DAZLE devrait pouvoir apporter des éléments concluants sur la question. La détection de la lumière émanant des premières étoiles en formation dans certaines des galaxies les plus distantes jamais observées a également était annoncée lors de la réunion. Des astronomes britanniques et américains ont utilisé les télescopes spatiaux Spitzer et Hubble pour collecter de nouvelles preuves que la formation des premières galaxies aurait pu intervenir plus tôt qu'on ne le pensait jusqu'alors. Les scientifiques impliqués estiment que les "Ages Sombres" se seraient terminé entre 200 et 500 millions d'années après le Big Bang. Les scientifiques britanniques ont également observé des trous noirs massifs en train de croître à l'intérieur de jeunes galaxies éloignées, jetant une lumière nouvelle sur ce que l'on savait de la construction des plus grandes galaxies actuelles et des trous noirs qui en occupent le centre. L'équipe en question a étudié des galaxies identifiées à l'origine par le télescope submillimétrique James Clerk Maxwell de Hawaii, puis ont utilisé Chandra, l'observatoire spatial à rayons X de la NASA, pour trouver de fortes lueurs de rayons X produits par des gaz chauds tourbillonnant autour des trous noirs en phase de croissance. L'on a pu établir que les trous noirs croissaient au même moment que leur galaxie associée, et observer que ces derniers étaient entourés d'une "coiffe" dense de gaz et de poussières constituant probablement la matière qu'ils consument pour prendre de l'ampleur. La croissance des galaxies et de leurs trous noirs est probablement le résultat de formidables "fusions" impliquant la collision de deux galaxies de taille similaire, déclarent les astronomes. Une simulation informatique réalisée par Tiziana Di Matteo, de la Carnegie Mellon University (Etats-Unis), a établi que ces fusions drainaient de la matière vers les régions centrales des galaxies, produisant les étoiles et fournissant le "combustible" dont se nourrissent les trous noirs pour croître.
Pays
Royaume-Uni