Leucémie infantile: une étude d'ampleur inédite apporte des éléments de réponse
La plus vaste étude jamais menée au monde afin de déterminer les causes de la leucémie infantile a révélé que bien que la plupart des cas trouvent leurs origines avant la naissance, un système immunitaire solide, développé en réponse aux infections communes vécues lors de l'enfance, pouvait mettre à l'abri de la leucémie les enfants susceptibles d'en être victimes. Les résultats ont été publiés dans le British Medical Journal par l'UKCCS (UK Childhood Cancer Study), suite à une étude menée durant 15 ans auprès de quelque 12.000 enfants. L'équipe en charge du projet s'est penchée sur les pistes immunologiques, l'exposition aux niveaux domestiques de radiations de fond (ionisantes et électromagnétiques), la tabacologie et la profession parentales, l'allaitement maternel et l'administration néonatale de vitamine K, ainsi qu'une série de facteurs survenant durant la grossesse et peu de temps après la naissance. "L'explication la plus plausible semble pour l'heure être un défi posé au système immunitaire de l'enfant, impliquant très probablement des infections communes, qui occasionne l'émergence de cellules sanguines cancéreuses", a expliqué Sir Walter Bodmer, président du Leukaemia Research Fund's Medical and Scientific Advisory Panel (panel médico-scientifique consultatif du Fonds britannique de recherche sur la leucémie). "Il est clair que les facteurs de risque identifiés, tels que le fait de vivre à proximité de sources de champs électromagnétiques ou de radiations naturelles comme le radon, ne sont pas les causes principales - si tant est qu'elles en soient - de la leucémie chez l'enfant", a ajouté Mel Greaves, de l'Institute of Cancer Research (Institut britannique de recherche contre le cancer). Au Royaume-Uni, la leucémie représente un tiers de tous les cancers chez les enfants de moins de 15 ans, avec 500 cas diagnostiqués chaque année. Bien que traités par chimiothérapie lourde, 80 pour cent des enfants touchés survivent. Selon le professeur Greaves, deux événements biologiques sont nécessaires au développement de la leucémie. Le premier est un dysfonctionnement génétique qui se produit dans l'utérus, suivi par une "seconde frappe" qui précipite la maladie. Environ un foetus sur 20 est affecté par cette mutation chromosomique due au stress naturel lié au développement foetal. Cependant, seul un enfant sur 2.000 développera une leucémie suite à la seconde corruption génétique intervenant dans la prime enfance. L'étude a permis d'établir que les enfants ayant contracté de nombreuses infections au début de leur vie apparaissaient mieux protégés contre la maladie. Le système immunitaire doit être correctement "ajusté" par exposition à des infections afin de fonctionner normalement. Les bébés n'ayant pas bénéficié de cette "prime" seraient davantage susceptibles de souffrir d'une seconde mutation, qui semble toucher 1 pour 100 de ceux ayant subi la première. L'étude a permis de mettre en évidence que le timing ou le schéma de l'infection était "de très loin le facteur déclenchant le plus probable" et que la principale diminution du risque (de plus de 52 pour cent) était constatée chez les enfants placés régulièrement (une fois par semaine) en pouponnière durant les trois premiers mois d'existence.
Pays
Royaume-Uni