L'Europe et le transfert technologique dans l'aérospatiale: une histoire qui ne date pas d'hier
Lorsqu'il s'agit d'illustrer les opportunités de transfert technologique inhérentes au secteur aéronautique, quel meilleur point de départ que l'industrie automobile allemande? Au moins deux des plus célèbres constructeurs automobiles d'outre-Rhin - Porsche et BMW - ont débuté en dessinant des aéroplanes. Les ingénieurs impliqués découvrirent peu après que leur technologie pouvait s'appliquer aux transports de surface. Dans les faits, la technologie qui a permis à l'humanité de s'élancer pour la première fois dans l'espace s'appuyait sur celle développée pour les aéroplanes, et au fur et à mesure que les connaissances et l'expérience croissaient dans le domaine spatial, l'on prenait de plus en plus conscience des possibilités d'utilisation de ces nouvelles technologies pour d'autres applications. "Notre système de communications ne fonctionnerait pas comme il le fait aujourd'hui sans l'astronautique", soulignait à titre d'exemple M. Horst Mehrländer, secrétaire d'Etat à l'Economie du Land de Bade-Wurtemberg, lors d'un forum dédié au transfert technologique à Bruxelles le 26 avril. Les trois-quarts environ de tous les satellites sont des satellites de communication, et près de 40 pour cent des foyers allemands captent leurs programmes de télévision par satellite, a indiqué M. Mehrländer. L'Europe a jusqu'à présent enregistré un beau succès dans ce secteur et devrait continuer à y jouer un rôle pionnier, selon le secrétaire d'Etat. Aussi faudrait-il que les fonds alloués à la technologie spatiale dans le Septième programme-cadre de recherche ainsi qu'à l'Agence spatiale européenne (ESA) soient suffisants, a-t-il déclaré, ajoutant que l'Europe devait aussi continuer à soutenir Ariane de manière à s'assurer un accès indépendant à un lanceur. Pour M. Mehrländer, il ne fait également aucun doute que la coopération transnationale constitue la clé de la réussite de l'Europe. S'il appartient à présent à l'astronautique d'être à la hauteur du succès de l'Airbus A380, l'approche paneuropéenne adoptée dans le cadre de ce projet constitue indiscutablement la voie à emprunter, a-t-il déclaré. Heinz Zourek, directeur général adjoint de la DG Entreprises et Industrie de la Commission européenne, a eu des propos rassurants à l'adresse de ceux que préoccupent les futurs financements alloués par l'UE à la recherche spatiale et au transfert technologique. "Un programme portant sur le transfert technologique et l'espace aurait de bonnes chances de bénéficier de financements dans le cadre du 7e PC [Septième programme-cadre] et du PCI [Programme-cadre sur la compétitivité et l'innovation]", a déclaré M. Zourek. "Reste à espérer que les Etats membres s'entendent bientôt sur le budget, en sorte que nous sachions combien nous pouvons dépenser au titre de ces programmes." Pour l'heure, l'Europe se place déjà en tête avec Galileo, son système de navigation par satellite. "Si le projet Galileo n'existait pas, il faudrait l'inventer!", déclarait Alexander Mager, de Galileo Industries. Il va donner lieu à la mise au point d'une foule d'applications qui vont "faciliter la vie quotidienne des Européens". Les satellites pourraient par exemple être utilisés pour guider les touristes vers telle ou telle attraction, trouver un restaurant familial aux environs, ou répondre à des urgences. Galileo comblera le fossé technologique entre l'Europe et les Etats-Unis et fournira à l'Europe un accès à l'un des plus vastes marchés routiers du XXIe siècle, a déclaré M. Mager. M. Mager avait également quelques conseils à l'intention de l'industrie spatiale européenne. L'Europe serait "bien avisée de coopérer davantage avec la Russie" - seul pays au monde, hormis les Etats-Unis, à disposer de son propre système de navigation par satellite - et ne doit pas différer le lancement du système Galileo. Les Etats-Unis étudient un nouveau système GPS (Global Positioning System) à usage civil et il faut que Galileo ait investi le marché avant, a prévenu M. Mager.
Pays
Allemagne