La Commission débute l'examen des projets de gestion de l'eau
Un groupe d'experts internationaux renommés vient d'entreprendre une vaste étude des projets de recherche UE menés à bien dans le domaine de la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE). L'objectif de cette étude est d'évaluer les approches et les résultats des projets collaboratifs, d'analyser les enseignements et d'élaborer des recommandations sur l'orientation future de la recherche UE en matière de GIRE. Le groupe en charge de cette mission est dirigé par le professeur Dipak Gyawali, membre de l'Académie royale des Sciences et Technologies du Népal, et ex-ministre népalais des Ressources en eau. Il est entouré d'éminents scientifiques originaires de République tchèque, d'Allemagne, d'Italie, du Portugal, du Royaume-Uni, du Mexique, de Palestine, d'Afrique du sud et du Vietnam. "L'eau est un problème très sérieux, et il le sera plus encore à l'avenir", a déclaré le professeur Gyawali. La question à laquelle lui et ses collègues auront à répondre est la suivante: "La recherche a-t-elle tenu ses promesses?", a-t-il expliqué à CORDIS Nouvelles. Pour le Partenariat mondial de l'eau, le GIRE est "un processus qui promeut le développement et la gestion coordonnés des ressources en eau et en sol et des ressources connexes, afin de maximiser le bien-être économique et social qui en résulte de manière équitable et sans compromettre la durabilité d'écosystèmes vitaux". L'UE a financé un très grand nombre de projets relatifs à cette thématique et aux divers aspects de la gestion de l'eau. Ainsi, des projets relevant du Quatrième programme-cadre (4e PC) ont porté sur des thèmes tels que l'influence du bassin de la Volga sur la mer Caspienne, les techniques de bioremédiation pour le traitement des eaux usées et l'interaction entre migration, gestion des terres et de l'eau et exploitation des ressources dans les oasis du Maghreb. Le 5e PC inclut des projets sur des sujets aussi variés que la désertification dans la région de la mer d'Aral, la compétition pour l'eau entre agriculture et tourisme, les politiques de gestion des polluants hydriques et les obstacles à la participation du secteur privé à l'assainissement et à l'approvisionnement en eau en Amérique latine et en Afrique. Plus récemment, des projets financés au titre du 6e PC permettent d'étudier des aspects tels que la participation des autorités locales à la GIRE, les technologies innovantes en matière de gestion intégrée de l'eau, l'atténuation de la sécheresse dans l'agriculture des Balkans occidentaux, et le contrôle des bassins fluviaux forestiers en cas de très fortes pluies et fonte des neiges. Les recommandations à élaborer au terme de l'étude seront d'ordre général et non pas spécifiques aux projets. La Commission espère que ces recommandations permettront d'alimenter ses discussions avec le Parlement et le Conseil, de même qu'avec le comité de programme, au sujet des priorités thématiques de la recherche en vue du 7e PC. "La Commission a une certaine perception de la réalité et de ce qu'il convient de faire, mais nous avons besoin de savoir ce qu'il en est vraiment", a déclaré le chef d'unité Alfredo Aguilar Romanillos aux membres du groupe au début de leur mission. La volonté de la Commission de communiquer les résultats de la recherche financée par l'UE à différents groupes a également été mise en exergue lors de la réunion. "La communication occupe désormais une place centrale, ce qui n'était pas le cas par le passé", a déclaré Cornelia Nauen, responsable scientifique principale à la direction de la Coopération scientifique internationale de la DG Recherche. Le groupe d'experts a déjà dressé un tableau pour la notation des projets (notes allant de 1 à 3), ainsi que pour commenter largement la recherche. La feuille d'examen de projet évalue divers aspects des projets, répartis en six sections: les principes de durabilité ont-ils été correctement pris en compte? Les solutions techniques sont-elles pertinentes? Intégration; communication; impact; et descriptif. Le travail préliminaire de l'équipe a confirmé la pertinence d'un tel tableau pour ses objectifs. Les résultats de l'examen seront publiés sous la forme d'un rapport technique, d'une lettre adressée aux dirigeants et d'une brochure pour diffusion auprès d'un large public. Interrogé par CORDIS Nouvelles au sujet de ses attentes par rapport aux résultats de l'examen, le professeur Gyawali a souligné la démarche du groupe, qui considère sa mission comme une recherche. "Ce qu'il y a de bien avec la recherche, et ce qui la différencie des conseils - pour lesquels les réponses sont connues d'avance - c'est que nous ne savons vraiment pas quelle sera la réponse", a-t-il déclaré. Le professeur Gyawali est convaincu que l'exercice est digne du plus grand intérêt, et avoue avoir été "stupéfait" lorsque la Commission européenne l'a invité à y participer. "Les vastes systèmes bureaucratiques ne sont guère enclins à prendre des mesures révolutionnaires ni à se lancer dans des projets à ce point tournés vers l'avenir, de façon aussi ouverte et participative", a-t-il déclaré, avant d'ajouter qu'il avait l'intention d'utiliser cet exemple pour faire pression sur d'autres bureaucraties afin qu'elles aussi s'ouvrent demain à des initiatives similaires. Interrogé sur les différentes approches de la GIRE en Europe et dans sa région d'origine, le professeur Gyawali a fait état des changements intervenus en Europe ces dernières années en raison d'un fort mouvement écologiste. Il a également salué le dialogue soutenu que scientifiques et activistes ont engagé avec l'establishment. "Il est fort peu probable qu'un phénomène d'incompréhension se développe en Europe", a-t-il ajouté. L'étude sera réalisée en tandem avec un projet du 6e PC intitulé NeWater, axé sur les approches de la gestion adaptative des eaux. Les résultats de ces deux exercices seront présentés lors du Quatrième forum mondial de l'eau qui se tiendra en mars 2006 à Mexico.