Technologie informatique basée sur les agents: lancement d'une feuille de route dans le cadre d'un projet financé par l'UE
Une feuille de route traçant l'évolution que pourrait connaître l'informatique basée sur les agents au cours de la prochaine décennie vient d'être lancée. Proposant une lecture du développement de cette technologie, de ses domaines d'application et des obstacles potentiels à son adoption, les auteurs du document notent que la convergence avec les technologies industrielles existantes et émergentes doit constituer une priorité. Un agent est un système informatique intégré situé dans un environnement dynamique, inconstant et ouvert, où il a la capacité d'agir de manière autonome et souple en vue de répondre aux objectifs qui lui sont impartis. L'informatique basée sur les agents représente une nouvelle synthèse tant pour l'intelligence artificielle (IA) que, plus généralement, pour les sciences informatiques. Ce secteur revêt un intérêt capital pour des domaines d'application tels que les télécommunications, la gestion de l'information et Internet, le commerce et la simulation électroniques. L'adoption de la technologie basée sur les agents dans ces secteurs est susceptible, si elle est bien menée, d'avoir un impact profond tant sur la compétitivité et la viabilité des industries européennes des technologies de l'information (TI), que sur la conceptualisation et la mise en oeuvre des futurs systèmes informatiques. Doté d'une enveloppe d'un million d'euros, AgentLink III est un projet européen d'action de coordination financé par la Commission européenne au titre de l'initiative Technologies de la Société de l'information (TSI) du Sixième programme-cadre (6e PC). Il vise à favoriser l'ascension et le déploiement de l'informatique basée sur les agents. Il s'inscrit dans le prolongement de deux projets antérieurs et comme ses prédécesseurs, AgentLink-III a pour objectif ultime de propulser la recherche et l'industrie européennes à l'avant-garde de l'innovation et de l'excellence dans ce secteur d'importance croissante, en promouvant les activités européennes en matière de recherche, de développement, de diffusion et de déploiement de technologies informatiques basées sur les agents. Parmi les tâches dévolues à AgentLink III, on trouve l'élaboration d'une feuille de route ("AgentLink Technology Roadmap"), document évolutif exposant le développement, les innovations et l'avenir de la technologie basée sur les agents. Le professeur Michael Luck, de la University School of Electronics & Computer Science (ECS) rattachée à l'université de Southampton (Royaume-Uni), a coordonné la gestation de ce rapport visant à informer les différents publics de l'état actuel de la technique et à postuler les directions futures que la technologie et le secteur vont vraisemblablement prendre. Ces informations sont cruciales pour les organisations commerciales désireuses de cibler de manière optimale leurs investissements dans la technologie et son déploiement, ainsi que pour permettre aux responsables politiques d'identifier et de soutenir les secteurs revêtant une portée spécifique. "Les technologies basées sur les agents constituent une extension naturelle des approches actuelles basées sur les composants", indique le professeur Luck. "Elles étayent de nombreux secteurs nouveaux de l'informatique; il est donc important de savoir où et comment elles s'imbriquent au mieux. Les secteurs tels que l'informatique en grille, les organisations virtuelles et l'e-business convergent avec des technologies déjà plus abouties telles que le poste à poste (P2P) et les services web pour former des systèmes ouverts présentant un dynamisme et une imprévisibilité tels que seuls des agents sont capables d'en affronter la complexité." La feuille de route décrit les initiatives actuelles dans le domaine de la recherche et le déploiement des technologies basées sur les agents et cerne les défis posés par les nouvelles technologies web et l'informatique en grille. Après avoir posé la définition des technologies basées sur les agents et établi la distinction entre celles-ci et d'autres technologies de programmation sur la base de leurs finalités divergentes, les auteurs de la feuille de route analysent le contexte technologique, les tendances émergentes et les éléments moteurs cruciaux. Ses auteurs concluent que la vitesse à laquelle les développeurs de logiciels adopteront la technologie basée sur les agents dépendra du nombre de domaines d'application nécessitant des systèmes dotés de telles caractéristiques. Les secteurs sur lesquels les sociétés de développement de logiciels idoines portent actuellement leur attention sont la logistique, les transports, la gestion des services publics et la défense. Ils ont pour caractéristiques communes la multiplicité des acteurs ou organisations liés au sein d'un réseau et ayant des exigences de traitement fondamental et en temps réel: les technologies basées sur les agents peuvent combler la brèche des besoins à la fois fonctionnels et techniques pour ces applications. Concernant les outils et méthodologie d'appui, la feuille de route souligne un obstacle fondamental à l'essor de la technologie basée sur les agents: le manque actuel de méthodologies de développement logiciel mûries pour les systèmes correspondants. Un autre défi majeur pour l'informatique basée sur les agents sera de mettre à profit les connaissances acquises via des méthodes éprouvées pour faire en sorte que les solutions existantes cadrent avec les différentes exigences liées au nouveau paradigme. Au chapitre des applications, les auteurs de la feuille de route recensent le déploiement actuel de systèmes "pseudo-agents" dans les secteurs de l'informatique omniprésente, du web sémantique et des réseaux P2P. A plus long terme, ils tablent sur le développement industriel d'infrastructures permettant d'édifier des applications hautement extensibles incluant des agents préexistants devant être organisés ou orchestrés. Mettant en garde contre le défi que va constituer le passage du stade de la recherche en laboratoire à celui d'applications industrielles déployées, ils insistent sur le nécessité d'élaborer des dossiers scientifiquement solides pour les mises en oeuvre et les descriptions, aptes à servir de catalyseurs tant pour l'adoption par l'industrie et que pour les recherches ultérieures. En matière de systèmes commerciaux et industriels, les technologies basées sur les agents devront sortir des laboratoires en se concentrant sur les questions commerciales, sur la qualité et sur la convergence avec les technologies industrielles existantes et émergentes plutôt que sur l'innovation. La sécurité, la fiabilité et les mesures de qualité logicielle traditionnelle ont une importance équivalente, et doivent toutes être abordées pour susciter une large adoption. Les approches permettant la mise à niveau des systèmes existants par accroissement progressif et sans rupture de la présence d'agents doivent être une priorité pour une transition en douceur. Les auteurs du document indiquent pour finir que l'adoption en environnement "entreprises" des technologies basées sur les agents dépendra de la rapidité et de l'aisance avec lesquelles ces technologies pourront être liées aux logiciels et solutions logicielles existants et éprouvés. Il est donc essentiel que ces technologies ciblent les domaines d'application auxquels elles conviennent le mieux, de manière à améliorer les techniques traditionnelles devant être utilisées lorsque le recours aux agents n'est pas pertinent ou approprié. Et cet objectif nécessite un engagement commun de la part des entreprises et des milieux de la recherche à oeuvrer efficacement à des solutions plus performantes pour tous. Selon les auteurs, "cette feuille de route technologique stratégique n'a pas vocation à prédire l'avenir. C'est - au contraire - une analyse raisonnée du passé récent et de l'état actuel des technologies basées sur les agents qui nous a permis de tracer une piste de développement potentielle en ce qui concerne cette technologie. Notre objectif est ce faisant d'identifier les défis et obstacles qu'il conviendra de surmonter pour permettre l'accomplissement de progrès en recherche et en développement et stimuler l'adoption commerciale de la technologie."