Publication de données de Huygens
Les données récoltées par quatre des six instruments de la sonde Huygens de l'Agence spatiale européenne (ESA) sont aujourd'hui disponibles pour toute utilisation. La sonde Huygens de l'ESA s'est posée le 14 janvier 2005 sur Titan, la plus grande lune de Saturne, où elle a exécuté six expériences. Les données issues de ces expériences ont été consignées à ce jour dans les archives de l'ESA (Planetary Science Archive - PSA) et copiées dans le système de données planétaires de la NASA (Planetary Data System - PDS). "L'ouverture des archives de données scientifiques de Huygens représente un jalon essentiel dans la mission Huygens", a déclaré Jean-Pierre Lebreton, scientifique du projet Huygens. Elle permet à tout chercheur d'exploiter à présent ces données dans le cadre de ses propres projets, en complément aux informations de calibrage et autres documents disponibles. "Ce résultat est le fruit d'efforts intenses déployés au cours des trois dernières années par l'ensemble des équipes, des scientifiques et des ingénieurs travaillant sur Huygens, tant en Europe qu'aux Etats-Unis", a commenté Olivier Witasse, scientifique planétaire auprès de l'ESA. Ces données offriront la possibilité aux étudiants et aux chercheurs de s'abreuver d'informations collectées au cours de l'expérience scientifique la plus passionnante jamais réalisée. Les données publiées proviennent des capteurs suivants: - Le collecteur et pyrolyseur d'aérosols (Aerosol Collector and Pyrolyser), qui a aspiré des particules d'aérosol dans l'atmosphère de Titan, vaporisé les échantillons, puis analysé les résultats. Deux instruments ont prélevé des échantillons à différentes altitudes. - Le chromatographe en phase gazeuse et le spectromètre de masse (Gas Chromatograph and Mass Spectrometer) ont analysé les gaz contenus dans l'atmosphère de Titan. Un spectromètre de masse a modélisé et séparé les différentes molécules. Cet instrument a également étudié une partie des gaz produits par le collecteur et pyrolyseur d'aérosols. A l'atterrissage, la composition de la surface de Titan a été mesurée en chauffant l'instrument préalablement à l'impact afin de vaporiser une partie de la surface lors du contact. - L'instrument de mesure de la vitesse du vent par effet Doppler (Doppler Wind Experiment) faisait partie du système de communication entre Huygens et Cassini, la sonde-mère. Un lien de communication extrêmement stable entre les deux engins a permis d�explorer l'atmosphère de Titan en mesurant la dérive Doppler dans le signal porteur. Cette expérience pourrait également avoir détecté l'oscillation de Huygens sous son parachute. Fait ironique, ces données ont dans un premier temps été perdues à cause de la défaillance d'une voie de données, mais elles ont ensuite été reconstituées grâce à une observation attentive au moyen de radiotélescopes au sol. Des vents de plus de 400 km par heure ont ainsi été enregistrés. - L'instrument de structure atmosphérique de Huygens (Huygens Atmospheric Structure Instrument) a mesuré les propriétés physiques et électriques de l'atmosphère de Titan. Dès lors que l'aérodynamique de Huygens était déjà connue, il a été possible de mesurer les rafales de vent et d'obtenir ainsi des indications sur la densité atmosphérique de Titan. Si Huygens avait atterri sur un liquide, les remous auraient également pu être observés. Cet instrument a en outre mesuré la conductivité électrique de l'atmosphère, l'activité électromagnétique et, sur la surface, la "densité de flux électrique" de la surface. Enfin, un micro a capté des sons de ce corps éloigné. Des données d'ingénierie sont également disponibles, tandis que les données des deux derniers instruments - l'imageur de descente/radiomètre spectral (Descent Imager Spectral Radiometer) et le kit scientifique de surface (Surface Science Package), ainsi que des informations sur la trajectoire d'entrée et de descente de Huygens, devraient être dévoilées en septembre ou octobre. "Nous nous réjouissons d'ores et déjà des commentaires que nous recevrons sur ces données de haute qualité", a affirmé Lyle Huber, du PDS Atmospheres Node de la NASA.