Un projet de l'UE confirme l'excellence de l'Europe dans la recherche sur les migraines
Dans le cadre d'un projet financé par l'UE et consacré à la recherche sur les migraines, les chercheurs ont non seulement fait un pas en avant dans la compréhension des causes de ces crises invalidantes, mais ont également créé une masse critique, renforçant la réputation d'excellence de l'Europe dans ce domaine et rassurant les personnes qui souffrent de migraines sur la prise au sérieux de leur affection. Plus de 12 % de la population mondiale souffre de migraines, deux tiers étant des femmes. Extrêmement désagréables pour les personnes qui en sont victimes, les crises coûtent également cher aux employeurs et aux services de santé. Rien que pour l'UE, les coûts annuels sont estimés à 10 milliards d'euros. Bien que le problème soit répandu, les traitements disponibles se révèlent inefficaces pour plus de la moitié des patients. La communauté des migraineux est dès lors prête à tout pour disposer de traitements possibles, comme le prouve leur participation au projet de recherche EUROHEAD. Les coordinateurs de EUROHEAD, un projet financé par l'UE et récemment mené à son terme, se sont entretenus avec CORDIS Nouvelles des découvertes réalisées dans le cadre de ce projet et de l'impact qu'il a eu sur la communauté de recherche sur les migraines à l'échelle mondiale. Bien que la mise au point d'un traitement contre les migraines ne soit pas encore pour demain, l'équipe EUROHEAD dispose à présent d'une bien meilleure compréhension du rôle joué par les gènes dans le déclenchement d'une migraine et des moyens d'abaisser le seuil de déclenchement. Il existe des preuves irréfutables du rôle de la dépression corticale extensive dans le développement des symptômes de l'aura, un trouble visuel qui accompagne généralement les migraines. L'équipe EUROHEAD estime à présent qu'elle pourrait également être responsable du déclenchement des migraines elles-mêmes. Plusieurs milliers de patients migraineux ont participé à l'étude, notamment des jumeaux et des familles pour qui les migraines sont monnaie courante. La participation de personnes souffrant d'un sous-type monogénique de migraine, pour lequel un seul gène est responsable de l'affection, était essentielle à la réussite du projet. Il y a cinq ou six ans, seul un groupe de patients relevait du sous-type monogénique de migraine. L'équipe EUROHEAD a à présent identifié d'autres familles touchées par l'affection et a également diagnostiqué de nouveaux syndromes. Une grande partie des travaux ont été réalisés à l'aide de modèles cellulaires. Toutefois, les scientifiques ont également eu recours à des modèles animaux et des personnes volontaires. Les modèles cellulaires ont permis à l'équipe de comprendre les effets des gènes sur les cellules à l'échelle microscopique. Les modèles animaux ont été nécessaires pour étudier l'interaction cellulaire. «Cela aurait été impossible si nous nous en étions tenus aux seuls modèles cellulaires. Les deux modèles étaient complémentaires», a expliqué le Dr Arn van den Maagdenberg du Centre médical universitaire de Leiden (Pays-Bas). Une équipe de l'Hôpital universitaire de Glostrup (Danemark) a utilisé du monoxyde d'azote pour déclencher une crise chez des volontaires courageux. Cette méthode permet de déclencher des migraines dans 60-70 % des cas. Interrogé sur la disposition de ces volontaires à accepter le déclenchement d'une migraine au nom de la science, le chercheur principal Michel Ferrari a affirmé sans ambiguïté: «La communauté des migraineux est dans son ensemble très satisfaite de ce genre d'initiatives. Ils ont le sentiment que leur cas est pris au sérieux. Il a en outre été établi qu'il s'agit d'une véritable maladie», a-t-il déclaré. Si le projet EUROHEAD a permis de montrer aux migraineux que leur cas est pris au sérieux, il a également indiqué au monde que l'Europe doit être considérée sérieusement comme un centre d'excellence pour la recherche sur les migraines. «L'Europe est déjà le centre d'excellence pour la recherche sur les migraines. Il est surprenant de constater que les États-Unis dominent dans d'autres domaines médicaux, mais pas dans celui-ci», a déclaré le Dr Ferrari. Par ailleurs, la plupart des groupes de recherche qui jouent un rôle important dans ce domaine étaient membres du consortium EUROHEAD. Des chercheurs issus de tous les continents ont contacté l'équipe pour collaborer à l'avenir aux travaux de recherche. Nombre d'entre eux ont même envoyé du matériel génétique issu de nouvelles familles de migraineux. L'équipe EUROHEAD examine actuellement les candidatures reçues et de nombreuses publications conjointes sont en cours d'élaboration. EUROHEAD connaît actuellement ce que le Dr van den Maagdenberg appelle «l'effet de magnétisme». «Tout le monde considère EUROHEAD comme le centre d'expertise sur les migraines», a-t-il déclaré. Le Dr van den Maagdenberg se félicite de la masse critique, de l'intégration d'équipes de recherche et du dynamisme généré par EUROHEAD. Lorsque l'appel d'offres correspondant au septième programme-cadre (7e PC) de l'UE aura été publié, l'équipe présentera une demande de fonds supplémentaires dans le but ultime de trouver un traitement contre les migraines.