Le 7e PC, un an plus tard: révolutionnaire et efficace, déclare Potocnik
Le septième programme-cadre de l'UE (7e PC), opérationnel depuis un an, est une «sorte de programme de transition», conduisant la communauté de la recherche européenne vers de nouveaux instruments introduits l'année dernière, a déclaré le commissaire européen en charge de la science et de la recherche Janez Potocnik lors d'un entretien avec CORDIS Nouvelles. Nombre des nouveaux instruments ont externalisé la gestion des projets de recherche et ont laissé la responsabilité de la gestion de la plupart des budgets du 7e PC entre les mains d'organismes extérieurs à la Commission européenne. Lors du prochain programme-cadre, le 8e PC, le commissaire souhaiterait voir ce phénomène se renforcer. Le Conseil européen de la recherche (CER), lancé en 2007, finance la recherche «exploratoire», dont le financement se base sur le seul critère de l'excellence. «Le CER représente la révolution principale du 7e PC. À l'avenir, il représentera réellement l'EER [l'espace européen de la recherche]. Je signerai une déclaration sur ce sujet dès que vous le souhaiterez», a déclaré M. Potocnik. Le premier appel à propositions du CER a remporté un énorme succès. Les réponses à cet appel ont été beaucoup plus nombreuses que prévues et il a été qualifié de «trop réussi». D'après le commissaire, la réussite du premier appel a été extrêmement révélatrice et a envoyé un «message important» concernant le futur du CER. Les initiatives technologiques conjointes (ITC) ont constitué une autre innovation importante. Ces «partenariats public-privé» auquel le commissaire fait allusion pour rappeler que l'initiative provient du secteur privé, traitent de certains des défis majeurs auxquels l'Europe fait face, ainsi que des domaines possédant un potentiel énorme pour l'avenir: les technologies de piles à combustibles et la technologie de l'hydrogène; la nanoélectronique; les transports aériens respectueux de l'environnement; l'informatique enfouie et les médicaments innovants. Ces initiatives à long terme n'en sont qu'à leurs débuts, mais d'après les informations obtenues par le commissaire, les commentaires des dirigeants commerciaux se révèlent déjà très positifs. «Cet instrument révèle-t-il l'une des défaillances de l'EER? La réponse aujourd'hui est déjà oui», ajoute-t-il. «Pour être honnête, on ne connaît pas l'impact révolutionnaire de ces propositions lorsqu'on les défend. Ce n'est qu'avec l'action que l'on peut réellement constater les résultats», a affirmé M. Potocnik. Ces instruments, aux côtés de l'Article 169 (qui permet à la communauté de participer à des programmes entrepris par de nombreux États membres de l'UE), ont remis la responsabilité de la gestion de la direction générale de la recherche de la Commission à des agences externes ou des entreprises. «Ils constituent des centres d'activités sous l'égide du programme-cadre. C'est une bonne façon d'agir; accroître le besoin et les raisons concernant le budget et, parallèlement, réduire l'importance des questions de sa gestion [du budget] de façon efficace», affirme le Commissaire. Ainsi, le personnel de la DG Recherche pourra adopter «une approche plus ministérielle». Le financement des projets de recherche doublera en termes nominaux entre 2007 et 2013; cependant, il a déjà été décidé que le nombre de personnes responsables de la gestion des programmes au sein de la DG Recherche restera le même. Parallèlement, la gestion sera effectuée «par des spécialistes de façon linéaire et rapide. Cette direction semble logique et correcte», pense M. Potocnik. Quant au budget du 8e PC, le commissaire a uniquement déclaré qu'une augmentation s'imposait. En n'évoquant qu'une seule partie du programme-cadre actuel (le CER) il déclare: «si la gestion du CER est satisfaisante, pourquoi ne pas doubler le budget?» L'association des nouveaux instruments et des projets de recherche coopérative de valeur sûre semble avoir été approuvée parmi les chercheurs. «D'après le public, personne ne se plaint», dit en plaisantant le commissaire. Toutefois, il encourage certaines améliorations. Le lancement a constitué la première étape. Dorénavant, des progrès sont attendus en permanence, affirme-t-il. La participation des nouveaux États membres de l'UE au 7e PC constitue l'un des domaines à renforcer. Lorsque les chercheurs de ces pays font une demande de financement, leur taux de réussite est aussi, voire plus élevé que ceux des chercheurs des États membres les plus anciens. Cependant, le problème réside dans le nombre d'applications provenant des nouveaux États membres, ce qui peut s'expliquer par le manque de réseaux et de connexions. Les points de contact nationaux de ces pays doivent se tourner vers l'extérieur et collaborer, déclare le commissaire. La Commission doit parallèlement renforcer sa campagne de sensibilisation au sein des nouveaux États membres. La question de la participation des petites et moyennes entreprises (PME) - autrefois un autre domaine préoccupant - semble avoir été résolue dans le 7e PC. Un objectif de participation de l'ordre de 15% a été fixé pour les PME, malgré l'opinion de M. Potocnik, qui n'est pas partisan des méthodes basées sur les objectifs (d'après lui, les motivations encouragent les changements). Les statistiques initiales montrent que la participation (qui a atteint les 20%) a dépassé les attentes. Avant de confirmer ces statistiques, la Commission devra cependant vérifier que toutes les sociétés s'étant présentées en tant que PME correspondent en effet à la définition adoptée. L'introduction d'un fond de garantie et les efforts de simplification des programmes ont sans doute fait la différence. «Lorsqu'on travaille sur un programme-cadre, il faut se répéter 10 fois par jour le mot 'simplifier'. Toutefois, on ne peut constater ces simplifications qu'une fois le programme opérationnel», déclare le commissaire. «Le système est tellement complexe. Nous présentons certaines idées qui ont des impacts positifs mais également négatifs. Il est indispensable de trouver un équilibre. Tout n'est pas noir ou blanc.» Le plus grand succès de M. Potocnik réside sans doute dans l'augmentation de la sensibilisation à l'importance de la recherche. Voulant rester modeste, le commissaire refuse d'utiliser le mot «réussite» pour décrire cet accomplissement; cependant, la reconnaissance de l'importance de la recherche est désormais plus vaste dans tous les domaines politiques. Selon lui, la recherche a été placée «dans un contexte plus vaste». «Des changements qui ne seraient pas envisageables autrement ont eu lieu», affirme-t-il. Il cite également les exemples des étapes nécessaires à la mise en oeuvre intégrale d'un espace européen de la recherche. Cette grande reconnaissance de l'importance de la recherche s'étend au collège des commissaires, déclare M. Potocnik. De nombreux objectifs européens ont été fixés récemment, notamment dans les domaines de l'énergie et de l'environnement. D'après lui, tous sont fondés sur la science. Des rapports médiatiques ont critiqué les objectifs de l'UE en matière de biocombustibles. Selon eux, ces derniers auront un impact négatif sur l'environnement, de même que sur les prix des denrées alimentaires et la disponibilité de l'eau. Les propositions de la Commission en matière d'énergie publiées le 23 janvier constituent une révision des propositions antérieures, qui montrent que la Commission a tenu compte des nouvelles activités de recherche effectuées en matière de biocombustibles. Cela ne sous-entend pas pour autant que les biocombustibles n'ont pas d'avenir. Leur potentiel est indéniable, déclare le commissaire, et la troisième génération de biocombustibles fait déjà parti des recherches scientifiques. «De nouvelles réalités et informations seront diffusées chaque jour. De plus, notre approche nous engage à revoir notre stratégie», ajoute-t-il. Une année après le lancement du 7e PC, une révision des progrès et des résultats obtenus jusqu'à présent ne peut être que positive et ne suggère aucun changement de stratégie nécessaire à ce niveau.