Projet de l'UE pour combler la fracture émotionnelle entre les robots et les humains
Les chercheurs ont créé des robots autonomes et capables de s'adapter à des changements dans leur environnement. Mais quelle peut être la force des relations entre les robots et les humains? Un groupe international de scientifiques est déterminé à trouver la réponse. Sous la direction du collège Queen Mary de l'université de Londres (Royaume-Uni), les scientifiques cherchent à renforcer les relations entre les robots et les humains, dans le cadre du LIREC (Living with Robots and Interactive Companions), un nouveau projet quadriennal financé par l'UE. Soutenus par un financement de 8,2 millions d'euros, les partenaires du projet vont créer une nouvelle génération de technologie de compagnie, interactive et dotée d'intelligence émotionnelle, capable d'avoir des rapports avec les humains sur une longue période. Le consortium souligne que la technologie actuelle s'appuie en général sur des interactions à court terme et que l'effet de la nouveauté est de courte durée. Peter McOwan, professeur au département d'informatique du Collège Queen Mary et coordinateur du projet, déclare que le LIREC s'appuiera sur une étude des comportements des chiens de compagnie. Il ajoute que le projet étudiera ce que font les chiens pour déclencher l'attachement de leurs propriétaires. On peut certes s'interroger sur l'intérêt d'utiliser des robots comme compagnons, mais les partenaires du LIREC pensent que leur rôle est notable. «La même question peut se poser à propos des animaux: avons-nous besoin des chats et des chiens comme compagnons?», souligne le professeur McOwan à CORDIS Nouvelles. «Un compagnon est important pour les personnes âgées et solitaires, mais aussi comme mentor et assistant, pour nous aider à toutes les étapes de la vie. La vie sera meilleure si la technologie future interagit avec nous d'une façon que nous comprenons aisément, si elle est sensible à nos besoins et a forgé avec nous des liens qui se sont développés avec le temps et les expériences mutuelles.» Le directeur du projet déclare que le LIREC s'attachera à déterminer comment les gens peuvent développer une relation à long terme avec des créatures artificielles, dans la vie de tous les jours. Il rappelle qu'un robot ne peut effectuer de tâches ménagères, mais signale que l'équipe «espère explorer comment développer de telles technologies plus amicales, et commencer à prévoir à quoi pourraient ressembler les machines intelligentes de demain, et comment nous devrions les traiter». Les scientifiques en sont encore au tout début du projet et n'ont pas encore défini ce que les compagnons artificiels seront capables de faire. Néanmoins, le professeur McOwan considère qu'ils pourront «aider les étudiants à apprendre, surveiller comment est une personne chez elle, etc.» Un projet qui envisage un avenir aussi lointain peut soulever des questions d'éthique. Certains pensent qu'il est nécessaire de faire intervenir l'éthique dans les phases de conception et d'implémentation des technologies en question. À propos de la dimension éthique du projet LIREC, le professeur McOwan déclare: «Si nous réussissons à créer des compagnons synthétiques avec lesquels les gens établiront un lien émotionnel, il est clair que la gestion de cette relation est importante et qu'il faut gérer avec soin les sentiments des humains.» Il ajoute que les partenaires devront établir des règles éthiques concernant l'expérimentation des technologies de compagnie, ce qui aidera à définir les projets futurs. Le projet s'intéressera à développer la technologie pour les compagnons, mais également à explorer ce qui fait une bonne compagnie. Le LIREC étudiera entre autres les relations humaines et les relations avec les animaux de compagnie. «Les retombées seront utiles à toute une gamme de technologies affectives, ainsi qu'en sociologie et en psychologie», ajoute le professeur McOwan. On notera que le projet LIREC présente des similitudes avec le projet FEELIX GROWING, également financé par l'UE, notamment dans l'exploration de l'intelligence sociale et comment elle est créée dans les systèmes artificiels. En revanche, et même si le LIREC s'appuiera sur certains résultats de FEELIX GROWING, il étudiera davantage comment établir des relations plus étendues dans le cadre de situations sociales réelles. «Le LIREC créera des entités identifiables et socialement intégrées, qui conserveront leurs caractéristiques en passant, par exemple, depuis le corps d'un robot dans votre maison jusque dans votre PDA». La technologie est en cours de développement par une équipe de dix chercheurs venant de sept pays et spécialisés dans plusieurs domaines: interaction humain-ordinateur, psychologie, robotique et personnages graphiques.
Pays
Royaume-Uni