La consommation d'alcool chez les jeunes en hausse, mais pas de manière uniforme
D'après une nouvelle étude internationale, la consommation d'alcool chez les jeunes d'Europe occidentale n'est pas aussi importante que chez ceux d'Europe de l'Est. Les chercheurs ont également découvert moins de différences culturelles et de genre, notamment parce que les activités marketing sur l'alcool ont eu un intérêt marqué ces 10 dernières années. Le rapport a été publié en ligne le 4 octobre dernier dans la revue Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine, en prévision de la publication sur papier en février 2011. On sait bien que l'alcool augmente le risque de blessures, de maladies et même de décès dans le monde entier. Les adolescents et jeunes adultes sont particulièrement à risque. «Plus précisément, l'état d'ébriété a été associé à de nombreuses conséquences négatives et problèmes de santé tels que les blessures et lésions fatales et non fatales, les pertes de connaissance, les tentatives de suicides, les grossesses non désirées, les MST, les échecs scolaires et la violence», expliquent les auteurs dans leur article. «Une politique de santé publique sur l'ivresse des jeunes nécessite des informations factuelles sur le changement de comportement en fonction du temps.» Les chercheurs, dirigés par le Dr Emmanuel Kuntsche d'Addiction Info Switzerland à l'institut de recherche de Lausanne (en Suisse), ont évalué des données provenant de plus de 77 500 adolescents (âgés de 15 ans; 51,5% de filles et 49,5% de garçons) dans 16 pays d'Europe occidentale et 7 d'Europe de l'Est pour étudier l'ivresse chez les jeunes. L'équipe a évalué et enregistré la fréquence de l'ivresse chez les jeunes par pays et par sexe sur une période donnée à l'aide de données collectées au cours des périodes 1997-1998 et 2005-2006. D'après leurs observations, un jeune de 15 ans a déjà été ivre 2 ou 3 fois, en moyenne. La fréquence d'ébriété pour les 7 pays d'Europe de l'Est a augmenté d'environ 40% en une décennie. On constate une augmentation chez les filles et les garçons, mais elle est plus marquée chez les filles, expliquent les chercheurs. La fréquence, qui indique une baisse moyenne de 25%, a reculé dans 13 des 16 pays occidentaux. Les réductions les plus importantes ont eu lieu en Amérique du Nord, en Irlande, au Royaume-Uni et dans les pays nordiques. Les campagnes promotionnelles auraient contribué à renforcer la tendance à la consommation d'alcool, mais les changements de conditions socio-économiques ont également joué un rôle dans l'augmentation de la tendance en Europe de l'Est. «Avec l'ouverture des frontières et des marchés dans des sociétés où l'économie planifiée était coutume, les pays de l'Est ont progressivement été confrontés aux stratégies contemporaines de marketing du secteur de l'alcool qui visent surtout les jeunes», expliquent-ils. Alors que la consommation d'alcool aurait pu apparaître comme un élément de style de vie attrayant et original pour les adolescents de l'Europe de l'Est, ce phénomène a perdu de son prestige auprès d'un groupe de consommateurs de prédilection, à savoir les jeunes garçons en Europe occidentale et en Amérique du Nord. «Dans ces régions, l'omniprésence du marketing a saturé le marché, faisant ainsi de la consommation de l'alcool une tendance traditionnelle et conformiste plutôt qu'innovante pour les adolescents.» Selon les chercheurs, les pays d'Europe de l'Est devraient se concentrer sur la mise en oeuvre de politiques et de mesures préventives, dont des limites sur la publicité et les campagnes promotionnelles pour réduire la consommation d'alcool chez les jeunes. Les pays occidentaux pourraient promouvoir des activités de loisirs sans alcool afin de réduire la consommation. Des chercheurs de Belgique, du Danemark, de France, de Hongrie, des Pays-Bas, de Suisse et des États-Unis ont contribué à l'étude.
Pays
Belgique, Canada, Suisse, Danemark, France, Hongrie, Irlande, Pays-Bas, Royaume-Uni, États-Unis