La reforestation serait la clé à la survie d'une orchidée rare
Le sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), aussi appelé sabot de la Vierge ou soulier de Notre-Dame est une espèce d'orchidée rare et menacés dans de nombreux pays d'Europe, mais les résultats d'une étude de 13 ans menée par des chercheurs de l'institut pyrénéen d'écologie en Espagne montrent que l'abandon des pratiques d'élevage et de pâturage, qui favorisent la reforestation, profiterait également à la plante. Les chercheurs expliquent que les populations de la plante ces régions sont stables ou se développent bien. L'étude a été publiée dans la revue Conservation Biology. Les populations d'espèces aux extrémités de leurs régions de répartition, comme c'est le cas pour le sabot de Vénus dans la partie méridionale des Pyrénées, ont toujours été considérées comme plus vulnérables que celles vivants au centre de leur zone de distribution. Les chercheurs du Conseil national espagnol de recherche (CSIC), auquel appartient l'institut pyrénéen d'écologie, ont décidé de déterminer si les populations de cette espèce d'orchidée euro-asiatique rare étaient plus en danger que celles se trouvant dans des pays comme l'Estonie et la Pologne. Les scientifiques ont constaté que les populations de sabot de Vénus (nommées ainsi en raison de ses fleurs en forme de sabot) des régions du sud des Pyrénées «sont de taille similaire, se reproduisent mieux et croissent à un rythme plus rapide qu'en Europe Centrale», explique María B. García, auteur principal de l'étude. L'équipe explique que ce résultat «inhabituel» semble être lié à la reforestation dans les régions étudiées des Pyrénées, ce qui mène les chercheurs à penser que l'abolition des pratiques traditionnelles telles que l'élevage et le pâturage contribueraient à rétablir certaines plantes forestières en voie de disparition. «Pour une plante habituée aux températures plus froides, telles qu'en Europe centrale ou du Nord, la reforestation dans les régions méridionales représenteraient une amélioration de son habitat, provoquant une accélération de son taux de croissance», explique Melle García, qui confirme que la vitesse de croissance la plus importante avait été remarquée dans les Pyrénées. La durée de l'étude, de 1997 à 2010, était particulièrement importante car elle a permis aux chercheurs d'arriver à ces conclusions, faisant remarquer qu'«aucune étude de ce type n'avait été menée sur une période aussi longue», selon les chercheurs. L'étude expliquait également que les modifications de paysage et l'expansion des forêts ces 50 dernières années dans les régions montagneuses avaient apporté de «nouvelles opportunités» et de «l'espoir pour le rétablissement des espèces forestières aux limites de leur zone d'habitat dans un contexte dominé par la perte de biodiversité». Cypripedium calceolus est classifiée comme une espèce «en voie de disparition» dans toute l'Europe et «représente une centaine de plantes forestières situées aux extrémités de leurs habitats dans les pentes méridionales des Pyrénées», faisait remarquer Melle García. Le changement climatique et le réchauffement planétaire sont des facteurs de menaces sur ces espèces et peuvent avoir des conséquences dramatiques sur les orchidées ainsi que sur d'autres plantes. «Toutefois, dans le contexte de réchauffement planétaire, la reforestation le long de cette chaîne de montagne serait bénéfique pour cette espèce», conclut-elle. En l'absence d'altérations anthropiques graves, l'avenir immédiat de ces populations d'orchidées dans les Pyrénées «semble favorable», concluent les chercheurs.
Pays
Espagne