Des semelles intérieures intelligentes aident les patients atteints de neuropathie à marcher avec confiance
Les causes de la neuropathie comprennent la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, les effets secondaires de certains médicaments utilisés en chimiothérapie, le diabète et le vieillissement. Elle touche une bonne partie de la population, qui se retrouve exposée à des risques de chutes pouvant nécessiter une hospitalisation. «Les personnes atteintes de neuropathie présentent 20 fois plus de risques de chute que les autres personnes du même âge. Nous entendons changer la donne en améliorant l’équilibre et la démarche grâce à nos semelles vibrantes», explique Lise Pape, fondatrice et PDG de la société Walk With Path(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), établie au Royaume-Uni. Son propre père souffrait de la maladie de Parkinson. «Mon père a été ma première source d’inspiration, car j’ai vu de mes propres yeux toutes les peines qu’il avait à marcher et les effets que cette situation a eus sur tout son entourage. Je me suis donc intéressée à la mobilité et à la démarche, c’est-à-dire à la manière dont une personne marche», explique-t-elle. «Mes premières recherches ont porté à la fois sur des personnes atteintes de la maladie de Parkinson et sur des personnes atteintes de sclérose en plaques. Lorsqu’une personne souffrant de sclérose en plaques avec qui je travaillais m’a décrit que le fait de marcher sur un plancher en bois lui donnait l’impression de marcher sur du coton, cela a fait germer en moi l’idée de me concentrer sur la perception sensorielle et sur les dommages que cette dernière subit dans certaines situations, faisant en sorte qu’une personne ne puisse plus sentir le sol correctement quand elle marche», ajoute Lise Pape. Le projet Path Feel a mis au point des semelles intérieures de chaussures qui surveillent la démarche du porteur au moyen de capteurs de pression et d’unités de mesure inertielle (IMU) – des dispositifs électroniques qui mesurent la force, l’angle et la rotation du corps. Ces semelles intérieures sont appareillées à une application afin de transmettre des données et de fournir des informations au porteur. Des vibrations sont générées afin d’aider le patient à marcher. Les semelles intérieures vibrent, ce qui procure une meilleure sensation aux personnes qui ont perdu la sensation au niveau de leurs pieds», précise-t-elle. Les patients sont ainsi capables d’identifier le moment où leurs pieds touchent le sol. Path Feel présente certaines similitudes avec le projet OrmoSys, financé par l’UE, qui utilise des semelles intérieures intelligentes pour corriger les problèmes de pied et de posture.
L’importance des vibrations
Le projet Path Feel a mené un essai clinique en collaboration avec l’université métropolitaine de Manchester(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), au Royaume-Uni, visant à tester la semelle intérieure vibrante chez des personnes possédant un certain niveau de sensation dans leurs pieds et chez des personnes qui ne ressentent pas consciemment les vibrations. «Nous avons obtenu un résultat important sur le plan statistique, à savoir le fait que la semelle intérieure contribue à améliorer l’équilibre et la démarche», fait remarquer Lise Pape, qui ajoute que l’on ne sait toujours pas exactement de quelle manière les vibrations améliorent la sensation dans les pieds, mais que plusieurs hypothèses sont avancées.
Mise au point du prototype
Les premiers prototypes au début du projet n’étaient pas résistants. «Mais ils nous ont permis de tester le concept», précise Lise Pape. Le projet s’est efforcé de rendre le prototype de semelle intérieure plus durable et plus compact. «Il fallait qu’il puisse rentrer dans la plupart des chaussures normales, ce qui n’était pas possible auparavant», explique-t-elle. Il a fallu procéder à une batterie de tests itératifs de robustesse et d’usure, en collaboration avec des laboratoires de chaussures qui étaient en mesure de tester le produit sur un pédatron, une machine simulant la marche. Le projet a également perfectionné l’analyse des données ainsi que le logiciel de l’application Path Feel qui l’accompagne. L’application envoie les données des capteurs de la semelle intérieure au cloud via un téléphone, puis arrivent sur le tableau de bord d’un clinicien à des fins de surveillance. Les progrès réalisés ont permis de déposer une nouvelle demande de brevet au cours de ce projet.
Retards imputables à la pandémie
La durée de 2 ans du projet a été prolongée pour une troisième année, car de nombreuses personnes diabétiques sont décédées pendant la pandémie de COVID-19, ce qui a compliqué le recrutement dans le cadre des essais. Il est également devenu très difficile de se procurer les composants électroniques nécessaires, en raison des perturbations des échanges chez les pays producteurs, explique Lise Pape. La gestion du processus réglementaire est capitale pour tout dispositif médical. Des travaux ont été présentés à la Food and Drug Administration (FDA(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) des États-Unis pour approbation, processus qui devrait être plus rapide qu’en Europe pour des dispositifs de la sorte, fait remarquer Lise Pape. «Nous n’avons pas encore lancé une production commerciale à grande échelle, mais nous sommes proches de la commercialisation de notre solution plus tard cette année avec un partenaire américain», précise-t-elle.