Peut-on ralentir le vieillissement? La recherche sur les fibroblastes pourrait ouvrir la voie Une nouvelle approche de l’étude des fibroblastes, des cellules qui jouent un rôle important dans la formation des tissus conjonctifs, pourrait ouvrir la voie à de nouvelles thérapies contre l’athérosclérose et d’autres maladies du système vasculaire. Santé © Adriana/stock.adobe.com Avec l’âge, les artères perdent leur élasticité. Ce phénomène augmente le risque d’hypertension artérielle et d’athérosclérose, responsables de crises cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et d’autres maladies du système vasculaire ou circulatoire. «Nous ne disposons toujours pas d’une thérapie satisfaisante permettant de prévenir les conséquences du vieillissement ou du vieillissement vasculaire, telles que l’hypertension», explique Judith Sluimer, coordinatrice du projet et professeure de physiopathologie cardiovasculaire au Centre médical de l’université de Maastricht aux Pays-Bas. «Il existe des traitements, mais de nombreuses personnes sont toujours victimes de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux. Il nous faut donc quelque chose de mieux.» La plupart des recherches sur le vieillissement et l’athérosclérose qui ciblent l’intérieur des vaisseaux sanguins étudient leurs couches internes, fait remarquer Judith Sluimer. «Il existe trois couches de vaisseaux sanguins. La plupart des chercheurs étudient la couche intérieure et la couche médiane. De nouvelles informations concernant les cellules de la couche externe pourraient peut-être nous permettre de trouver une nouvelle thérapie», ajoute-t-elle. Judith Sluimer s’est spécialisée dans les effets du vieillissement sur l’adventice, la couche externe. Son laboratoire participe également au projet MEND-AGE du consortium ERA-CVD (Cardiovascular Disease), financé par l’UE. Étudier la fonction des fibroblastes Les recherches menées par Dlzar Kheder au centre médical de l’université de Maastricht dans le cadre du projet FIB-AGE, financé par le programme Actions Marie Skłodowska-Curie, ont porté sur la fonction des fibroblastes producteurs de collagène dans la couche externe et sur la manière dont elle est liée aux changements qui surviennent avec le vieillissement et les maladies cardio-vasculaires. «Les fibroblastes sont des cellules qui ne vivent normalement que dans la couche externe du système vasculaire. Mais elles se retrouvent dans de nombreux organes», explique Judith Sluimer. «Ces cellules sont intéressantes car elles sont connues, entre autre, pour leur capacité de régénération et de cicatrisation de la peau.» «Les fibroblastes stimulent également la formation de nouveaux minuscules vaisseaux sanguins qui contribuent à la régénération des tissus», ajoute-t-elle. Identifier les marqueurs Pour étudier la fonction des cellules, le projet a identifié certains marqueurs des cellules adventitielles qui permettent de les distinguer des cellules médianes. «En séquençant des cellules individuelles, nous avons observé les transcriptomes de l’expression de l’ARNm de chaque cellule, une par une, afin de valider les marqueurs spécifiques des fibroblastes adventitiels pour ces cellules. À ce moment-là, personne ne savait comment distinguer les fibroblastes des cellules médianes», explique Judith Sluimer. Ensuite, une souris knock-out, un rongeur génétiquement modifié pour désactiver le gène marqueur spécifique, a été expédiée aux Pays-Bas depuis le Canada. Ils ont constaté que la knock-out affichait une pression artérielle plus élevée, ce qui démontre que ce marqueur particulier peut jouer un rôle dans l’hypertension. Dlzar Kheder, qui faisait également partie du réseau VascAge financé par l’UE pour la recherche sur le vieillissement vasculaire, a fait valoir son expertise de la culture ex vivo de segments d’artères dans un bain d’organes pour étudier la contraction et la relaxation de vaisseaux sanguins isolés, en comparant leur fonction chez des souris knock-out et des souris sauvages. Rôle dans l’hypertension humaine Le projet a dans un même temps exploré la fonction des gènes. «Nous essayons de déterminer s’il est possible de contrer le vieillissement accéléré que nous observons dans le cas de l’inactivation», explique Judith Sluimer. «Nous verrons ensuite si les humains porteurs de cette variante de l’ADN disposent également d’une quantité plus faible du gène, et si nous pouvons rétablir le gène ou la fonction du gène pour empêcher l’hypertension.» Un des gènes présentait l’une de ces variantes d’ADN avec l’hypertension, fait remarquer Judith Sluimer, ajoutant qu’il s’agissait d’une preuve importante du fait que, chez l’homme également, l’absence du gène du fibroblaste entraîne une augmentation de l’hypertension. Elle fait toutefois remarquer: «Nous avons encore un long chemin à parcourir, car nous ne savons pas encore comment concrétiser cela en une thérapie». Mots‑clés FIB-AGE, vieillissement, fibroblastes, pression artérielle, maladie cardiovasculaire, accident vasculaire cérébral, artères, athérosclérose, hypertension, système vasculaire, adventice, collagène, tissu, régénération, ARNm