De réseaux inexistants à des réseaux interopérables
En dépit des projets de croissance rapide au cours des prochaines décennies, on doute encore de la capacité des réseaux ferroviaires à récolter les fruits de la transition prévue. Les coûts élevés et les temps de chargement, qui ont encouragé la transition des transports par voie ferroviaire vers les transports par route au milieu du XXe siècle, menacent encore une fois d'ébranler la compétitivité du réseau ferroviaire. L'Union européenne a multiplié les efforts pour promouvoir l'interopérabilité de son réseau ferroviaire. Cependant, ces mesures (allant de l'adoption de normes d'interopérabilité technique à la libéralisation du marché) ne vont pas assez loin. Malgré l'augmentation des volumes de transports de marchandises, la transition modale entre les transports de marchandises par route ou par voie ferroviaire reste stagnante. L'initiative New Opera, financée par la Commission européenne pour identifier et recommander les améliorations à apporter à l'infrastructure du réseau ferroviaire et aux normes d'interopérabilité, partageait cette vision. Formé en 2005, le consortium New Opera est composé d'institutions commerciales clés et d'entreprises privées actives dans le développement de systèmes de transports de marchandises multimodaux en Europe. Son étude mondiale concluait que les politiques adoptées par la Commission européenne, ainsi que les investissements par les États membres, ne font que ralentir la transition du transport de marchandises par route vers des transports par voie ferroviaire. Le consortium New Opera préconise donc de repenser totalement les futurs investissements dans l'infrastructure ferroviaire. Au cœur des recommandations se trouvaient la création d'un réseau européen de transports de marchandises reliant les principaux ports des côtes de la mer du Nord et Baltique à la Méditerranée. Pour une exploitation réussie de ce réseau, il fallait cependant améliorer l'efficacité des transports de marchandises européens. Une plus grande interopérabilité entre les frontières est essentielle au succès du réseau, et notamment de meilleures connexions entre les réseaux routier, ferroviaire et fluvial. En outre, les changements requis comprenaient l'adoption de normes d'interopérabilité tels que des routes et des gabarits de chargement universels, une électrification à 25kV et un système européen de gestion de la circulation sur l'autoroute (ERTMS). Des changements radicaux impliqueront inévitablement des coûts extrêmement élevés. Le plus grand défi auquel sont confrontés les partenaires de New Opera est de convaincre les gouvernements souffrant de restrictions budgétaires d'investir dans leurs infrastructures de transports de marchandises (qui occupent généralement la dernière place dans les priorités de l'Europe, après les projets orientés davantage sur les passagers). Si cela n'est pas réalisable, l'Europe pourrait passer à côté d'une opportunité en or qui pourrait ne jamais se représenter.