Profil métabolique du cancer du sein
La métabolomique étudie tous les métabolites d''une cellule ou d''un organisme. De petits changements de concentration enzymatique ou de niveau d''activité peuvent entrainer des modifications majeures de la concentration de certains métabolites. De telles altérations pourraient être utilisées pour classer les différents types de cancer et identifier de nouveaux marqueurs pronostics ou prédictifs. Financé par l''UE, le projet METACANCER («Identification and validation of new breast cancer biomarkers based on integrated metabolomics») a utilisé le profilage métabolique moderne dans son étude sur le cancer du sein. Considérant l''incidence très élevée de ce type de cancer chez la femme, les résultats du projet auront d''importantes conséquences sur le diagnostic précoce et le traitement des tumeurs. Dans une première étape, les partenaires du projet ont sélectionné les différentes approches métabolomiques susceptibles d''être employées pour l''analyse des tissus humains congelés. Les différentes méthodes potentielles utilisent la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire (RMN), la spectrométrie de masse couplée à la chromatographie gazeuse (GC-MS, pour gas chromatography-mass spectrometry) ou liquide (LC-MS, pour liquid-chromatography-mass spectrometry). Les chercheurs ont évalué plusieurs centaines de métabolites afin de détecter les différences métaboliques entre le tissu sain et le tissu cancéreux. Ce profilage a permis d''élaborer une stratégie pronostique capable de classer les différents cancers du sein avec une sensibilité et une spécificité supérieure à 93% en se basant sur la concentration en métabolites. Les données métabolomiques RMN ont permis de séparer les différents types et stades de cancer du sein, ainsi que les différents sous-types moléculaires basés sur l''expression des récepteurs d''œstrogène (ER), de progestérone (PR) et d''Her2 (récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain). Ces résultats montrent clairement que les données métabolomiques permettent d''obtenir des informations utiles sur les biomarqueurs et voies biologiques des différents types tissulaires. Les chercheurs ont combiné ces données métabolomiques avec les informations protéomiques et génomiques obtenues sur les mêmes échantillons. En axant leur recherche sur certaines enzymes et modèles fonctionnels pertinents, les chercheurs ont pu relier les altérations métaboliques observées sur ces échantillons aux modifications de l''expression des protéines et des gènes. Ils ont ainsi pu identifier des enzymes clés de la synthèse lipidique comme la glycérol 3-phosphate acyltransférase (GPAM) qui induit une altération du profil lipidique, dépendant du stade cancéreux. Ils ont développé des instruments comme MetaMapp et METAtarget, capables d''analyser les données métabolomiques en fonction des modifications structurelles et fonctionnelles de la cellule. Les chercheurs estiment ainsi que les altérations métaboliques du tissu cancéreux permettront d''obtenir une information biologique essentielle concernant l''apparition et la progression des tumeurs. Le traitement personnalisé du cancer est largement tributaire de ces informations précises pour un diagnostic précoce et une thérapie efficace.