Prédire les moussons à venir de l'Inde en se basant sur celles du passé
Plus d'un milliard de personnes sur le sous-continent indien dépendent directement ou indirectement des pluies qu'apportent les moussons chaque année. Puisque l'air chaud emmagasine plus d'humidité, il est possible que le réchauffement climatique augmente le volume des moussons en Inde. Dès lors, les scientifiques et les décideurs politiques cherchent activement des moyens précis de prédire l'évolution des moussons. Pour connaître les enjeux et tenter de fournir des réponses, des chercheurs ont lancé le projet MONSOON («Role of the Indian monsoon on global climate change») sous le patronage de l'UE. Plus particulièrement, ils cherchent l'indication des effets des cycles de réchauffement antérieurs sur les pluies dans la région. Le projet MONSOON a analysé les minerais récupérés dans le sol à divers endroits de la Baie du Bengale, baignée par quatre fleuves. Les échantillons ont été analysés afin d'établir les concentrations d'oxygène et les isotopes de carbone ainsi que la thermométrie Mg/Ca et les niveaux de salinité. Ce faisant, les chercheurs du projet MONSOON ont pu redessiner l'histoire des pluies dans la région. Les recherches montrent que l'air chaud influence effectivement les moussons en Inde. Pendant la période chaude romaine (PCR) et la période chaude médiévale (PCM), les moussons ont généré davantage de pluie. À l'inverse, pendant le petit âge glaciaire, les pluies ont considérablement fluctué. De même, entre 1600 et 2000, les pluies ont beaucoup varié. Les résultats du projet semblent montrer qu'il existe un rapport inverse entre l'oscillation australe El Nino (OAEN) et le cycle des moussons dans l'océan Indien. Il a eu moins d'évènements OAEN pendant la PCR et la PCM. Le rapport reste applicable sur différentes périodes. En effet, on constate une forte corrélation entre les évènements OAEN et la variation des pluies pendant les moussons sur une échelle de temps décennale pendant les deux derniers millénaires. Cela demeure vrai pour la variation des pluies sur la base d'une échelle centennale pour les 10 derniers millénaires. Le projet MONSOON a également constaté que ce rapport avait été interrompu au cours de ces 140 dernières années. Les résultats du projet MONSOON appuient l'hypothèse, largement avalisée par la communauté scientifique, selon laquelle les changements climatiques peuvent avoir et ont une forte influence sur le cycle des moussons sur le sous-continent indien. L'intégration de ces données aux modèles de changement climatique devrait offrir aux scientifiques et aux décideurs politiques des données plus précises sur l'influence sur l'Inde du réchauffement actuel.