Le clonage humain "impossible"
Deux membres du groupe de haut niveau sur les sciences du vivant de la Commission européenne ont annoncé que le clonage humain est impossible lors d'une conférence de presse qui a eu lieu le 18 décembre, à Bruxelles, dans le cadre d'une manifestation de deux jours portant sur le thème "Cellules souches: des thérapies pour l'avenir". Le président du groupe de haut niveau, le Professeur Axel Kahn de l'Institut Cochin de Génétique moléculaire de Paris, et le Professeur Anne McLaren, du Wellcome CRC Institute de Cambridge (Royaume-Uni), également membre du groupe de haut niveau, ont affirmé que le clonage humain n'est actuellement pas envisageable. Même si la société américaine Advanced Cell Technology a récemment annoncé le clonage réussi d'un embryon humain au stade six cellules, le Professeur Kahn a affirmé que personne ne sait comment fabriquer un embryon humain cloné et ajoute que le clonage est impossible à l'heure actuelle car les chercheurs ne maîtrisent pas la technique scientifique, sans parler des problèmes d'éthique. Le Professeur McLaren a ajouté que le clonage humain par transfert du noyau d'une cellule somatique, qui selon elle peut très bien échouer, serait à la fois "élitiste et laborieux". Le Professeur Kahn a affirmé, quant à lui, que la recherche sur le clonage thérapeutique suscite de grands espoirs et de hautes attentes, mais pose également de sérieux problèmes. Le Professeur McLaren a admis que les cellules souches prélevées sur des embryons en phase initiale de développement plutôt que sur des tissus adultes ou foetaux présentent l'avantage de pouvoir se différencier en cellules de catégories différentes. Elle a toutefois affirmé que la recherche dans ce domaine pose de graves problèmes d'éthique. Selon elle, il est important que les travaux européens de recherche soient menés au plus haut niveau. Elle a ajouté que la réglementation en la matière pourrait être plus efficace en Europe qu'aux Etats-Unis où la recherche publique sur les cellules souches est contrôlée, mais où aucune restriction n'est imposée pour la recherche financée par le secteur privé. Le Professeur McLaren a également indiqué à CORDIS Nouvelles que la découverte d'un nouveau type de cellule "parfaite" par des scientifiques à Montréal (Canada) ne rend pas inutile, à ce stade, la recherche sur les autres cellules souches. Selon elle, même si la découverte des nouvelles cellules - présentes dans la moelle osseuse et qui ne suscitent pas de rejet immunitaire même lorsqu'elles sont transférées d'une espèce à une autre - constitue une nouvelle avancée passionnante pour la recherche, leur rareté par rapport aux cellules souches rend la valorisation de leur potentiel plus complexe. Etienne Magnien, chef de l'unité "Aspects politiques" de la Direction "Sciences du vivant: actions de recherche pour la biotechnologie, l'agriculture et l'alimentation" (DG Recherche) a déclaré à CORDIS Nouvelles que le rejet par le Parlement européen du rapport Fiori concernant la génétique humaine, le 29 novembre, n'est pas un échec en soi car les travaux de la commission temporaire du Parlement sur la génétique humaine ont alimenté le débat sur la question. M. Magnien, qui a participé à l'organisation de la conférence sur les cellules souches s'est déclaré très satisfait de l'intérêt suscité par la manifestation et du fort taux de participation. Selon lui, la présence d'un grand nombre de représentants des parlements des Etats membres de l'UE s'explique par la diversité des approches nationales dans ce domaine et la volonté des Etats membres de se tenir informés sur les questions d'éthique suscitées par le débat. Philippe Busquin, Commissaire en charge de la Recherche, a également indiqué que cette conférence est essentielle pour alimenter le débat. "Nous nous efforçons de poursuivre le dialogue", explique-t-il. "Nous ne voulons pas interrompre le processus". M. Busquin a poursuivi en expliquant la répartition des compétences au niveau des décisions réglementaires en matière de recherche sur les cellules souches dans l'UE. Il a précisé que les questions d'éthique restent sous la responsabilité de chaque Etat membre et que la Commission applique une règle simple lors du processus décisionnel en matière de recherche dans ce domaine: la recherche ne peut être menée dans un pays que si la législation de ce pays l'autorise. Il a ajouté que la Commission définit sa politique en se basant sur l'avis du groupe européen d'éthique des sciences et des nouvelles technologies.