Espagne: Lancement de la recherche publique sur les cellules souches embryonnaires; le clonage thérapeutique devrait suivre
Le Centre de recherche en médecine régénérative de Barcelone (CIMRB) a commencé à dégeler les premiers embryons conservés dans une banque et qui fourniront les cellules nécessaires à la production de lignées de cellules souches embryonnaires en vue d'analyser leur transformation en différents tissus, notamment en cellules cardiaques et en cellules osseuses, chez les souris. L'utilisation d'embryons a été soumise à l'accord préalable des parents de ces embryons. Actuellement, six embryons - sur un total de 140 disponibles pour la recherche - ont été dégelés. L'objectif de la recherche est d'observer "in vivo comment, une fois injectés dans un embryon de souris, ils peuvent se transformer en tout type de tissu. Comprendre ce processus serait une première mondiale", a expliqué le directeur du CMB, Juan Carlos Izpisúa. "L'objectif est que les cellules embryonnaires qui ont la capacité de se développer en tous types de tissu humain conservent ce potentiel. "Ce que nous voulons", a-t-il souligné, "c'est comprendre et gérer le mécanisme qui permet de cultiver des cellules souches indifférenciées". Si cet objectif est atteint, les cellules souches seront mises à la disposition des autres groupes de recherche autorisés, en Espagne, à travailler sur les cellules souches. L'extraction de ces cellules souches embryonnaires se fera à Barcelone, et le Salk Institute des Etats-Unis étudiera le processus de transformation en tissu cardiaque chez les souris. C'est la cinquième étude du genre menée depuis octobre dernier, lorsqu'a été approuvé le décret royal autorisant la recherche sur les cellules souches obtenues à partir d'embryons surnuméraires provenant des processus de reproduction assistée. Le clonage d'embryons humains à des fins thérapeutiques reste toutefois interdit. Récemment, la ministre de la Santé, Elena Salgado, a néanmoins annoncé que la législation sur le clonage thérapeutique pourrait entrer en vigueur dès l'année prochaine. Le clonage thérapeutique implique la production d'embryons comme source de cellules souches. Le processus est sujet à controverses car les embryons sont ensuite détruits. L'assemblée générale des Nations-Unies a adopté une déclaration non contraignante dans laquelle elle appelle à l'interdiction totale du clonage humain. Les Etats membres de l'Union européenne se partagent entre opposants et partisans - dont le Royaume-Uni, la Suède, la Belgique et aujourd'hui l'Espagne - du clonage thérapeutique. En mai dernier, des chercheurs de l'université de Newcastle (Royaume-Uni) ont réussi à cloner, pour la première fois en Europe, un embryon humain. La position adoptée par l'UE en la matière consiste à exclure de tout financement communautaire les activités de recherche sur le clonage humain reproductif, la production d'embryons humains pour la recherche (y compris par le biais du clonage thérapeutique) ainsi que la recherche visant à modifier l'héritage génétique des êtres humains. Et ce, malgré l'absence au niveau européen de toute interdiction légale du clonage thérapeutique. Le 6e PC autorise le financement de projets intégrant la dérivation et l'utilisation de cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) dérivées d'embryons surnuméraires (embryons restants au terme d'un processus de fécondation in vitro et destinés à être détruits, et pour lesquels les parents marquent explicitement leur accord). De tels projets sont examinés au cas par cas, et d'importants mécanismes de sauvegarde et de protection éthiques sont en place. Comme l'a récemment souligné un membre de la Commission lors d'une interview à un journal indien, l'expression "clonage thérapeutique" pourrait être source d'ambiguïtés: "Le terme de 'clonage' soulève une inquiétude générale. La controverse aurait été nettement moindre si l'on avait opté tout simplement pour 'transfert de noyau de cellules somatiques'", a-t-il déclaré.
Pays
Espagne