Selon une recherche, l'intégration européenne a peu d'impact sur les politiques nationales
L'intégration européenne a eu peu d'impact sur les partis politiques nationaux dans l'UE, et les spécialistes de l'UE, y compris les MPE, sont souvent exclus de la politique de parti interne. Telles sont les deux principales découvertes résultant d'une nouvelle recherche qui se penche sur le phénomène de «l'européanisation», processus au cours duquel les partis politiques nationaux s'adaptent au changement générés par l'intégration européenne. Une équipe de chercheurs internationaux a effectué des études de partis en profondeur dans six pays (Autriche, Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne et Suède). Les travaux ont été financés par le Conseil de la recherche économique et sociale (Economic and Social Research Council - ESRC) du Royaume-Uni. Les résultats ont montré que les partis étudiés n'avaient subi que des changements structurels restreints en raison de l'intégration européenne. «Peu de positions internes consacrées aux affaires de l'UE ont été créées et peu de ressources ont été accordées à la gestion des questions européennes», écrivent les chercheurs dans leur rapport. Parallèlement, les spécialistes de l'UE, dont l'activité est étroitement liée au processus de la gouvernance européenne, ont peu d'influence au sein de leurs partis politiques nationaux et disposent d'un accès restreint aux centres du pouvoir dans le parti. Cela est également valable pour les MPE. «Les MPE [...] ont tendance à s'isoler de leurs partis respectifs en terme de l'attention qu'ils portent à leurs activités», notent les chercheurs. «Bien qu'ils aient acquis des forces considérables en tant que législateurs européens, cela ne s'est pas traduit en un pouvoir national au sein du parti.» En revanche, les élites des partis ont acquis un certain pouvoir, et les chercheurs notent que malgré les nombreux facteurs se cachant derrière cette croissance en puissance, certains peuvent s'expliquer par leur participation dans des arènes de la gouvernance à l'échelon européen. «Les élites des partis, en relation avec cette croissance du pouvoir au sein du gouvernement, peuvent utiliser la 'protection de l'UE' pour suivre les agendas nationaux qui seraient de toute façon considérés risqués», ont ajouté les chercheurs. «Autrement dit, ils pourraient utiliser l'argument 'Bruxelles me l'a fait faire'.» Selon les chercheurs, ces découvertes s'appliqueraient à tous les pays et à tous les partis. Derrière ces tendances se cachent de nombreuses raisons, font remarquer les chercheurs. En premier lieu, se pose le manque d'argent. «Les partis sont réticents à la création de nouvelles positions au sein de leurs organisations consacrées aux affaires de l'UE car les ressources au sein des partis sont très rares», écrivent les chercheurs, tout en notant que les partis comptent sur d'autres ressources, telles que les budgets du Parlement européen, pour ces activités. En second lieu, l'intégration européenne a peu d'impacts sur les chances de succès électoral des partis. «Les questions intérieures continuent de dominer les combats électoraux dans la plupart des cas, et les leaderships de parti continuent de se concentrer sur les affaires intérieures dans leurs promesses électorales», écrivent les chercheurs. De plus, la plupart des acteurs du parti considère toujours l'UE comme «politique étrangère». En effet, les spécialistes de l'UE attirent peu l'attention, tandis que les élites du parti, particulièrement les ministres du gouvernement, ont un pouvoir accru. «Le manque d'intérêt réel dans les affaires européennes au niveau des parties confère aux personnes engagées dans les prises de décision de l'UE un espace substantiel pour la manoeuvre de négociations», explique le Professeur Thomas Poguntke de l'Université Bochum de la Ruhr, l'un des acteurs de la recherche. Selon lui, ces preneurs de décision ne sont également pas toujours tenus responsables de leurs actions à l'échelon européen. «Les découvertes du projet ont des répercussions importantes sur le fonctionnement interne des partis, et sur des questions de contrôle démocratique, de responsabilité, de représentation et de légitimité, tant à l'échelon national que de l'UE», ont conclu les chercheurs.
Pays
Royaume-Uni