Communiquer les connaissances médicales à la fin du siècle
À une époque où l’éducation à la médecine joue un rôle important pour le grand public, le projet IDEM, financé par l’UE, offre un aperçu des techniques et stratégies pédagogiques de l’establishment médical pour persuader le public non spécialisé de la valeur de la médecine expérimentale. Les études de cas portent sur l’Angleterre, l’Allemagne et l’Amérique du Nord, de 1870 à 1914. Dans ce contexte, Rob Boddice, titulaire d’une bourse de recherche Marie Skłodowska-Curie, a co-écrit, avec Mark Smith, professeur distingué d’histoire à l’Université de Caroline du Sud, un traité théorique et méthodologique, Emotion, Sense, Experience. Il a également écrit la monographie principale de l’IDEM, Humane Professions: The Defence of Experimental Medicine, 1876-1914 (dont la publication est prévue pour février 2021), ainsi qu’un livre populaire, A History of Feelings, et un essai correspondant pour le magazine Aeon qui a touché près de 80 000 lecteurs.
Une quête de recherche audacieuse
Un incendie à la bibliothèque Osler d’histoire de la médecine de l’Université McGill à Montréal en a rendu l’accès difficile pendant une longue période. Cela a entraîné le report d’une exposition publique prévue des principaux documents de recherche du projet, laquelle a été reportée sur un autre site, qui a également été empêchée par l’épidémie de COVID-19. Il faut espérer qu’elle pourra encore avoir lieu l’année prochaine. D’autre part, sur le plan intellectuel, l’IDEM a nécessité l’élaboration d’un nouveau cadre méthodologique — la nouvelle histoire de l’expérience — que le chercheur n’avait pas vraiment prévu initialement. «Ceci a des implications majeures sur la façon dont les historiens mèneront ce type de recherche à l’avenir et est, à bien des égards, encore en développement», déclare Rob Boddice.
Mesurer et comprendre les émotions
Le domaine de l’histoire des émotions est en cours de développement depuis au moins les années 1980. Rob Boddice a joué un rôle actif dans une expansion capitale de la recherche dans ce domaine au cours de la dernière décennie. Dans le cas de l’IDEM, son innovation méthodologique a impliqué un amalgame entre ce que les scientifiques médicaux se disent entre eux et à la société et ce qu’ils font habituellement dans les laboratoires, ainsi que la manière dont ils utilisent les réseaux d’influence sociale et la manipulation des médias pour illustrer ces pratiques. La réaction émotionnelle du public a été mesurée par des sources qui montrent que les appels médicaux sont soit reflétés, soit combattus. Ces appels prennent la forme d’écrits dans la presse populaire, de participation à des groupes de pression non professionnels et de déclarations politiques de leur véracité (ou de leur fausseté). Durant la période étudiée, les appels médicaux affectifs pour l’humanité de la recherche expérimentale semblaient prévaloir sur un appel anti-vivisection mineur.
Prochain domaine d’intérêt: l’expérience du patient
En tant que directeur de recherche au Centre d’excellence de l’Académie de Finlande en histoire des expériences à l’Université de Tampere, Rob Boddice travaille actuellement à la rédaction d’un ouvrage avec Bettina Hitzer sur l’expérience de la médecine et de la maladie dans un contexte historique mondial ainsi qu’à un nouveau projet sur l’histoire culturelle du placebo. «La bourse mondiale Marie Skłodowska-Curie a été une opportunité extraordinaire qui m’a permis de travailler pendant deux ans à Montréal et de construire un important réseau international. Le programme a fourni les conditions idéales pour une recherche productive et un échange de connaissances et je suis redevable à la Commission pour son soutien», conclut-il.
Mots‑clés
IDEM, histoire, médecine, médecine expérimentale, connaissances médicales, public non-expert, recherche médicale