L’histoire de la musique de la Morris dance: la construction d’une communauté revisitée
La danse et la musique connaissent souvent des périodes de renouveau, qui peuvent constituer une importante source d’inspiration pour les artistes modernes, les historiens et le grand public. La Morris dance connaît actuellement un regain de popularité au Royaume-Uni. Danse traditionnelle datant du XVe siècle, elle présente une structure simple de danse en rond ou en ligne et s’accompagne souvent de chants.
Plongée dans les archives musicales de la Renaissance
Pour faire revivre la Morris dance et l’adapter à notre époque, nous devons nous plonger dans son histoire afin de comprendre comment elle était dansée à l’origine. En effet, la musique et les coutumes ont considérablement évolué depuis que les communautés se réunissaient pour des festivals célébrant les récoltes et autres rituels agricoles. Réalisé avec le soutien du programme Actions Marie Skłodowska-Curie(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), le projet POM entendait en savoir plus le contexte de la Morris dance, en particulier la musique qui l’accompagnait à son apogée, aux XVIe et XVIIe siècles. Les lacunes les plus importantes dans notre compréhension, et les plus difficiles à combler, concernent précisément cette période. Selon Kathryn Roberts-Parker, responsable du projet POM et chercheuse interdisciplinaire à l’université de Newcastle, la tâche n’était pas simple: «Cette musique est définie comme “omniprésente”, ce qui rend les archives très difficiles à reconstituer».
Une représentation historique de la Morris dance livre les secrets du passé
Afin de pérenniser la pratique artistique, le projet POM a collaboré avec des danseurs professionnels de Dance City à Newcastle-upon-Tyne. «Nous avons pu travailler sur les documents que j’avais rassemblés depuis les archives et donner deux représentations à l’université de Newcastle», explique Kathryn Roberts-Parker. En effet, l’intégration de la recherche textuelle à des répétitions effectuées avec des instruments d’époque a apporté des informations passionnantes sur la chorégraphie et la musicologie de cette forme de danse. Et notamment l’utilisation de clochettes de cheville qui sont toujours très populaires dans les groupes de Morris dance contemporains. Des instruments tels que la tabor pipe et le tambour proposent des mélodies simples qui peuvent attirer les foules sur une grande distance. Fait remarquable,ces caractéristiques sont communes aux îles britanniques et au reste de l’Europe. Kathryn Roberts-Parker a identifié une autre similitude frappante entre les régions géographiques à propos de la chorégraphie de la Morris dance: «Dans son manuel de danse, Orchèsographie (1589), Thoinot Arbeau décrit un garçon effectuant une Morris dance dans une pièce, dans un style très similaire à celui d’un spectacle traditionnel de Noël en Angleterre appelé “Boy Bishop”». De même, la musique qui accompagne la Morris dance a conservé une certaine simplicité au fil des siècles. Comme l’explique Kathryn Roberts-Parker: «Cette simplicité convient parfaitement à un style de danse communautaire». Le projet a permis de réaliser deux objectifs importants. Tout d’abord une base de données qui permet de suivre l’évolution de l’instrumentation et des sons associés à la Morris dance au fil du temps. Ensuite, une meilleure compréhension de la valeur sociale de la danse. Kathryn Roberts-Parker ajoute: «Il s’agit d’une construction communautaire, d’un activisme politique, d’une controverse et d’un lien avec l’environnement naturel».
Mots‑clés
POM, Morris dance, archives, musique de la Renaissance, histoire, communauté, spectacle, renaissance