Des poissons en pleine forme, malgré un régime riche en glucides
Les aliments pour poissons utilisés dans les fermes piscicoles peuvent contenir une proportion élevée d'hydrates de carbone, ce qui peut poser des problèmes en raison de l'incapacité des poissons à les utiliser. Le projet Glucose USE IN FISH («Carbohydrate utilization by the working muscle of rainbow trout») financé par l'UE a étudié l'effet de l'exercice chez les truites pour déterminer exactement comment augmenter l'utilisation des glucides. Les truites sont des poissons carnivores, élevés dans le monde entier. L'équipe a utilisé une approche génomique couvrant plusieurs tissus, une évaluation physiologique de tout l'organisme, et une analyse des mécanismes cellulaires, afin d'étudier les effets de l'exercice sur les poissons. Après 40 jours d'exercice, le métabolisme des truites avait recréé la période de migration pour le frai, pendant laquelle le poisson mobilise ses réserves de lipides pour réponde à la demande d'un effort d'endurance. À l'aide d'une nouvelle méthode de séquençage, les chercheurs ont montré que la transcription des gènes dans les muscles rouges (à contraction lente) était moins importante que celle dans les muscles blancs (à contraction rapide) lors d'une nage imposée soutenue. Les scientifiques supposent donc que les muscles blancs doivent passer à un fonctionnement davantage aérobie. Après 30 jours d'exercice et un régime riche en glucides, le taux de GLUT1 et GLUT4 (transporteurs du glucose) avait augmenté dans les muscles rouges. Les analyses par puces à ADN ont montré une augmentation de l'expression des gènes associés à la réponse immunitaire et au développement des muscles. Pour conduire certains de ces tests, l'équipe a mis au point un modèle in vitro qui reproduit les conditions de l'exercice en stimulant électriquement les myotubes de muscles de truite. Le processus est modulé par la protéine kinase AMPK, activée par l'adénosine monophosphate et de plus, la transcription de GLUT1 et GLUT4 augmente avec l'exercice. Pour la première fois chez des vertébrés autres que des mammifères, les scientifiques ont apporté la preuve d'un rôle potentiellement important de l'AMPK dans la stimulation de la prise de glucose, et de son utilisation par les muscles squelettiques du poisson. Les bases de données de transcription produites par ces travaux seront utiles pour d'autres recherches sur le fonctionnement des muscles à contraction rapide ou lente. Les résultats des travaux seront néanmoins principalement utilisés par le secteur de l'aquaculture. Le projet Glucose USE IN FISH a montré que la nage imposée améliore l'utilisation des glucides chez le poisson, ce qui peut contribuer à sa croissance. L'élevage d'un poisson plus en forme pourrait être rentable, plus durable mais aussi plus humain.