Les origines de la coopération, du civisme et l'institution des échanges monétaires
Les humains ont vécu l'essentiel de leur histoire évolutive au sein de petits groupes, où la survie dépendait de la coopération et d'une assistance mutuelle. Il est clair que la sélection naturelle a favorisé ce mode de fonctionnement, mais il est plus difficile de comprendre l'évolution de la coopération entre un grand nombre de personnes étrangères. Le projet STRANGERS (Cooperation among strangers: Experiments with social norms, institutions, and money), financé par l'UE, a étudié les rôles des facteurs culturels, institutionnels et économiques dans la promotion de la coopération. Une partie des travaux a concerné l'origine des différences entre les régions du nord et du sud de l'Italie en ce qui concerne le civisme, alors qu'une autre approche a mis en évidence le rôle de l'argent dans les échanges sociaux. Les explications traditionnelles de la division nord-sud en Italie mettent l'accent sur les différences locales en termes d'incitations, et sur les façons dont les individus répondent différemment à des récompenses similaires. Les résultats du projet pointent quant à eux le rôle indéniable des normes et valeurs sociales. Cette conclusion se base sur l'observation que les habitants du nord se montrent plus coopératifs lorsqu'ils sont confrontés à des opportunités identiques. Le fait d'équilibrer la structure des récompenses entre les régions n'éliminera donc pas complètement la division nord-sud, car elle trouve en grande partie sa source dans des différences culturelles évoluant lentement. D'autre part, les résultats du projet STRANGERS ont exclu les contrastes concernant la capacité coopérative relative à la tolérance au risque, à l'altruisme, aux intermédiaires du capital social ou à un «familisme amoral». L'équipe a enrichi ses connaissance sur le rôle de l'argent dans la promotion de la coopération, en mettant en évidence des raisons comportementales à l'existence de l'argent. La coopération volontaire au sein de grandes sociétés d'étrangers est difficile, car le manque de confiance est fréquent. L'argent agit comme un substitut pour établir la confiance, qui permet à la coopération établie aujourd'hui de déboucher plus tard sur un don réciproque. Une fois qu'une convention d'échange monétaire est établie, elle remplace les normes d'échange de dons. L'argent exclut les normes simples de réciprocité. Le projet STRANGERS a contribué à illustrer les origines de l'argent en tant qu'institution sociale et alternative à la coopération volontaire. Ses travaux ont mis en lumière des aspects plus larges du capital social et de la prévention des conflits organisationnels.
Mots‑clés
Coopération, monnaie, étrangers, confiance, normes sociales, civisme