Du rôle des polluants de l'environnement dans les maladies de l'homme
Le projet ENVIROGENOMARKERS («Genomics biomarkers of environmental health»), financé par l'UE, a conduit la première application à grande échelle des techniques d'analyse globale («-omique») sur des prélèvements venant de cohortes définies en fonction de la population et des maladies, dans le but d'identifier de nouveaux biomarqueurs du risque de maladie et de l'exposition à l'environnement. Le projet a utilisé des prélèvements de sang, d'urine et de sang ombilical venant de trois cohortes: une étude en Suède sur la santé et la maladie, l'étude EPIC-Italy et l'étude mère-enfant Rhea. Ces prélèvements ont été effectués des années auparavant, sur des personnes en bonne santé (ou durant la grossesse et à la naissance pour la dernière étude) et dont l'état de santé a été suivi. L'étude a intégré d'autres informations comme l'alimentation, le style de vie, l'exposition à la pollution atmosphérique et d'autres facteurs de l'environnement. Les scientifiques d'ENVIROGENOMARKERS ont analysé ces prélèvements à l'aide de micropuces à ADN pour l'expression à l'échelle du génome et le profilage épigénétique, par chromatographie liquide haute précision avec spectrométrie de masse (UPLC-MS/MS) pour le profilage métabolomique, et par ELISA multiplex pour la protéomique à ciblage large. Ils ont également utilisé des outils perfectionnés de bioinformatique et de biologie des systèmes. En outre, les chercheurs ont mesuré sur ces prélèvements la quantité de polluants organiques persistants tels que les PCB (polychlorobiphényles), l'hexachlorobenzène, les polybromodiphényléthers, le cadmium et les phthalates. Les données omiques obtenues ont été évaluées de manière statistique à la recherche de biomarqueurs du risque de maladie, c'est-à-dire de signaux différents chez les personnes qui ont par la suite présenté des maladies. Les données ont également été analysées à la recherche de biomarqueurs de l'exposition, c'est-à-dire de signaux indiquant une corrélation entre la quantité de produits chimiques mesurés dans l'environnement. Ces évaluations ont révélé un grand nombre de signaux transcriptomiques et épigénetiques ainsi qu'un petit nombre de signaux protéomiques, associés avec un risque de lymphome, particulièrement la leucémie lymphatique chronique des cellules B. Elles ont également découvert un nombre significatif de signaux associés à l'exposition aux PCB et à l'hexachlorobenzène, certains en rapport avec des voies associées au cancer et dont l'importance pour l'apparition de lymphome doit être étudiée plus avant. Les analyses des prélèvements effectués sur des femmes enceintes ou des nouveau-nés ont montré des associations statistiquement significatives entre le niveau de certains métabolites et le développement nerveux. En outre, l'évaluation des profils métabolomiques du sérum de femmes enceintes a révélé des signaux de naissance avant terme, d'âge gestationnel et de réduction de la croissance pondérale du fœtus, ainsi que des signaux révélant le tabagisme maternel (actif comme passif) durant la grossesse. Les résultats ont été diffusés largement par le site web(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) du projet, plusieurs publications révisées par des pairs, des présentations, des ateliers, des exposés et des lettres d'information. Les travaux du projet ENVIROGENOMARKERS ont ouvert la voie à la découverte de biomarqueurs reliant les maladies et l'exposition à des facteurs de l'environnement, en s'appuyant sur des biobanques en stockage depuis des décennies.
