Système immunitaire et obésité
L'inflammation est un facteur majeur dans plusieurs de ces pathologies et la prévention de l'inflammation induite par l'obésité doit être l'une des principales priorités pour aborder ce fléau. Les modifications immunologiques provoquées par l'obésité sont les médiateurs décisifs de l'inflammation chronique génératrice de troubles métaboliques. Contrairement aux cellules T adaptatives qui reconnaissent les antigènes peptidiques, les lymphocytes iNKT reconnaissant des antigènes lipidiques. Le projet INKT CELLS («Omental iNKT cells as an immunological tools in obesity and cancer»), financé par l'UE, a cherché à comprendre le rôle des cellules iNKT dans les tissus adipeux afin d'élaborer de nouvelles stratégies thérapeutiques. Les chercheurs ont ainsi montré que les souris déficientes en cellules iNKT devenaient obèses lorsqu'elles suivaient un régime alimentaire normal. Soumises à un régime alimentaire riche en graisses, elles gagnaient encore plus de poids et devenaient rapidement diabétiques et insulinorésistantes. Le transfert adoptif de lymphocytes iNKT a permis d'améliorer leur métabolisme glucidique. Ces études montrent que les lymphocytes iNKT sont capables de maintenir le tissu adipeux dans des limites normales et permettent de corriger l'obésité même avec un régime alimentaire riche en graisses. Malheureusement chez les souris ou l'homme obèse, ces lymphocytes sont considérablement réduits, leur effet protecteur est par conséquent pratiquement inexistant. Par des expériences parabiotiques, les chercheurs du projet ont pu montrer que les lymphocytes iNKT étaient localisés dans le tissu adipeux. Le profil d'expression de ces cellules révèle des facteurs de transcription responsables de leur activité biologique, plus particulièrement l'interleukine 2 (IL-2) et l'interleukine 10 (IL-10). En produisant ces cytokines, les lymphocytes iNKT contrôlent les cellules T régulatrices (Treg) et la survie, la prolifération et la fonction suppressive d'autres lymphocytes. Les chercheurs ont également obtenu de fortes indications suggérant que les tissus adipeux murins et humains contenaient des antigènes lipidiques reconnus par les lymphocytes iNKT. Des recherches sont actuellement en cours pour identifier ces lipides spécifiques. L'obésité et les pathologies associées augmentent à une vitesse effarante dans le monde occidental, ce projet aura donc clairement un impact socio-économique important. La capacité d'activer sélectivement les cellules iNKT du tissu adipeux ouvre ainsi une voie thérapeutique complètement nouvelle pour le traitement du diabète de type II et de l'obésité.
Mots‑clés
Obésité, diabète, inflammation, cellules iNKT, lymphocytes T innés, transfert adoptif, parabiotique, IL-2, IL-10, cytokines