Étudier la dépression sur une souris modèle
La dépression est l'une des 10 principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde. Elle occasionne également une charge économique. Rien qu'en Europe, la maladie coûte environ 120 milliards d'euros par an. Le projet MODELMOOD («Innovative approaches to phenotype mood disorders in mouse models») a utilisé le système Intellicage qui permet aux chercheurs de mesurer automatiquement les réponses comportementales de chaque individu d'un groupe. Ces réponses peuvent alors servir à développer et valider de nouveaux protocoles expérimentaux aboutissant à la caractérisation comportementale complète, innovante et à haut débit des modèles murins actuels et futurs de la dépression. Les chercheurs ont mis au point trois protocoles pour mesurer les changements comportementaux associés à la dépression chez la souris. Le premier consistait en une tâche de séparation de modèle qui apprenait à la souris à répondre à des stimuli de couleur claire. Le jaune et le bleu correspondaient à une récompense ou à une punition, et inversement. Pour mesurer le comportement dépressif, les chercheurs ont utilisé les courbes d'apprentissage des sujets étudiés ou la différenciation continue entre les couleurs. Le second protocole, constitué d'un test de distorsion cognitive, utilisait des couleurs similaires pour mesurer si les souris étaient plutôt optimistes ou pessimistes. Enfin, le dernier protocole a essayé de faire la différence entre les comportements d'évitement du plaisir basés sur le 'vouloir' ou le 'désir', caractéristiques de l'anhédonie. Ces trois protocoles ont été validés à l'aide de modèles expérimentaux de dépression ou de l'évaluation des effets des antidépresseurs. Outre les paramètres comportementaux, les chercheurs ont étudié les terminaisons neurochimiques et endocriniennes pour montrer que les fonctions cérébrales étaient également modifiées. Le projet MODELMOOD apporte donc un nouvel outil pour explorer plus avant les mécanismes nerveux à l'origine de la vulnérabilité et de la guérison d'une dépression sévère. On espère que cette recherche aidera à mieux comprendre l'étiopathologie de la dépression sévère. Ces nouvelles connaissances devraient permettre d'identifier de nouvelles cibles pour des traitements pharmacologiques innovants.