Comprendre la tuberculose latente
M. tuberculosis, l'agent pathogène de la tuberculose possède la capacité unique de basculer dans un état de dormance qui lui permet d'échapper aux attaques du système immunitaire de son hôte. Le bacille dormant est, de plus, difficile à détecter et réfractaire aux traitements standards. La réponse immunitaire contre les antigènes lipidiques de la mycobactérie représente un mécanisme important de défense de l'hôte. Les scientifiques pensent que M. tuberculosis modifie son métabolisme et sa composition lipidique pour échapper à son élimination par le système immunitaire. .Comprendre comment la modification du métabolisme lipidique pouvait engendrer une infection latente constituait justement le sujet du projet Stoplatent-TB («Latent tuberculosis : new tools for the detection and clearance of dormant Mycobacterium tuberculosis») financé par l'UE. Les membres du projet voulaient tout d'abord créer les outils leur permettant de comprendre les mécanismes bactériens de la dormance menant au stade métabolique de la tuberculose. Pour ce faire, ils ont utilisé différents modèles métaboliques notamment l'hypoxie ou la privation de nourriture ainsi qu'un modèle plus adéquat de l'infection latente, le cobaye. Les chercheurs ont également testé la dépendance de croissance lipidique de M. tuberculosis en utilisant un modèle récemment mis au point d'adipocyte ex-vivo et d'autres cellules incapables de produire des lipides. Ces modèles permettront également de tester différents protocoles thérapeutiques dans le futur. Pour estimer l'activité métabolique du bacille, les chercheurs ont employé une technique de séquençage de l'ARN afin d'analyser le profil transcriptomique de M. tuberculosis en situation de stress. Par ailleurs, des analyses par microscopie électronique à balayage ont révélé que les modifications métaboliques du bacille dans des conditions environnementales riches en lipides avaient un impact sur le phénotype de la bactérie. Une fraction importante des travaux du projet consistait également à tester des associations antibiotiques susceptibles d'éliminer les populations bactériennes aérobies en division et les populations hypoxiques non réplicatives. Les chercheurs ont montré que la sensibilité de la bactérie aux antibiotiques variait fortement en fonction de son stade de croissance et que de nouvelles molécules étaient actives contre le bacille en dormance. Les résultats obtenus par les membres du projet Stoplatent-TB sur les mécanismes responsables de la mise en place de l'état de latence auront des répercussions importantes pour le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. Ils pourront surtout servir de base à la conception de meilleurs vaccins contre la maladie.
